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Un marché difficilement prévisible

Yohann Harvey Simard
Le 12 février 2021 — Modifié à 14 h 52 min le 12 février 2021
Par Yohann Harvey Simard - Journaliste de l'Initiative de journalisme local

La Ferme Lalan7, située à Hébertville-Station est l’une de ces fermes certifiées biologiques qui est toujours en attente d’obtenir la prime à l’hectolitre. La productrice Michelle Lalancette estime que la capacité de certains producteurs à se convertir en moins de trois ans a été sous-estimée.

« On est plusieurs nouveaux joueurs à être arrivés plus rapidement que ce qu’ils avaient prévu. J’ai l’impression qu’ils pensaient que ça allait prendre trois ans à se convertir. Mais ils n’avaient pas la notion que plusieurs fermes étaient déjà prêtes, comme nous d’ailleurs. En attendant la prime, les PLQ (producteurs lait du Québec) nous subventionnent à 30 % pour permettre le développement de la production », affirme-t-elle.

Pour elle, la transition a été plus rapide puisqu’elle n’utilise plus d’engrais chimique depuis plusieurs années. Elle estime que plusieurs producteurs produisent pratiquement biologiques, mais qu’ils ne font pas nécessairement le saut pour obtenir la certification en raison de la paperasse.

Aucun regret

Elle se dit toutefois extrêmement fière d’avoir effectué le saut. Le propriétaire de la Ferme des Feuilles à Albanel, Daniel Baril abonde dans le même sens. La conversion vers le biologique lui a permis d’être autosuffisant et de sauver des coûts.

« On a réussi à augmenter l’âge de nos vaches à cinq ans alors qu’en moyenne, c’est quatre ans. On a diminué nos frais de vétérinaire. Au lieu de coûter 20 000 $ par année, c’est 2 000 $. On n’a pas besoin de dépenser 80 000 $ en herbicides. Pour nous, la performance, ce n’est pas le volume de récolte, mais la santé de nos animaux », avance-t-il.

Distinguer le produit

Alors qu’un 2L de lait biologique coûte de 1,50 $ à 2,00 $ de plus que le conventionnel, certains producteurs croient qu’il s’agit d’un frein à la consommation.

Bryan Denis ne fait pas la même lecture. « Beaucoup d’études démontrent que le consommateur ne connait pas le prix du lait. Les gens l’achètent par réflexe » affirme le président du Syndicat des producteurs de lait biologique du Québec.

Il croit que le véritable défi demeure de faire distinguer le lait des boissons d’avoine, de soya ou d’amande. Elles se retrouvent dans les sections biologiques des épiceries, parfois côte à côte.

« Le consommateur fait des choix et malheureusement, ce n’est pas toujours nous qui sortons gagnants. Dénigrer l’autre produit, ce n’est pas l’objectif, il faut être assez attrayant pour que le consommateur se tourne vers nous et piquer sa curiosité. »

Dominic Perron, président de Nutrinor abonde dans le même sens. « Ce segment de marché est en croissance. Il offre la plus grande compétition aux produits de lait biologique. Ça répond à un besoin de la nouvelle génération. Les emballages des boissons végétales sont plus dynamiques, mais nous on s’en va dans cette tendance-là aussi. C’est pourquoi on a revu notre image de marque, dans le but d’attirer cette clientèle ».

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