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Avenir de l’église : Chambord cherche des idées

Janick Émond
Le 13 décembre 2019 — Modifié à 11 h 00 min le 13 décembre 2019
Par Janick Émond - Journaliste

L’avenir des églises sur notre territoire commence à inquiéter sérieusement les autorités. Des solutions devront être trouvées rapidement pour sauver ce patrimoine religieux.

La Fabrique de Chambord a d’ailleurs lancé une consultation pour obtenir des idées et suggestions pour convertir l’église. L’organisation n’a tout simplement pas les revenus pour payer les frais annuels d’entretien.

« On s’en va vers la faillite et nous ne sommes pas la seule paroisse dans la même situation. Les frais d’opération sont de 130 000 $ à 140 000 $ par année et les revenus sont inférieurs et baissent chaque année. Nous avons des réparations à faire, mais on n’a pas l’argent et c’est difficile d’avoir des subventions. Il faut trouver une solution », mentionne le président, Gérard Savard.

La Fabrique se donne trois mois pour récolter des idées ou bien recevoir des offres d’un promoteur privé qui serait prêt à acheter l’église pour la convertir.

Récemment 150 000 $ ont été nécessaires pour réaliser des travaux d’urgence à l’extérieur. Pour ceux à faire à l’intérieur, Gérard Savard n’aime autant pas penser au montant de la facture.

« Seulement le coût pour les études peut dépasser les 150 000$, tant les travaux pour des immeubles patrimoniaux sont complexes. »

S’inspirer de ce qui se fait ailleurs

Toutes idées ou offres seront analysées afin de trouver une solution à long terme.  La Fabrique de Chambord aimerait bien réussir une conversion inspirée de l’Église Saint-Jean-de-Brébeuf à Roberval ou celle de La Doré.

Pour ce dernier cas, la municipalité a décidé d’y aménager ses bureaux administratifs tout en gardant une partie pour le culte. Le cœur est utilisé pour les célébrations et comme salle du conseil municipal.

« On ne peut pas le faire ici. Ç’a été pensé il y a plusieurs années, mais ce n’était pas possible de le faire. Et là, la municipalité a rénové sa bâtisse et n’a pas besoin de locaux. »

Gérard Savard ne veut surtout pas en arriver à la pire des solutions, procéder à la démolition de l’église.

À Saint-Prime : Transformer le clocher pour attirer des touristes

Daniel Carrier estime que le projet de clocher-belvédère représente la solution pour mettre en valeur l’église de Saint-Prime et assurer son avenir.

Pour consolider l’église de Saint-Prime, la Fabrique a développé le projet de clocher-belvédère et met en vente le presbytère.

« Il fallait trouver un projet rassembleur qui mettrait en valeur notre église tout en réglant la problématique du clocher qui coule et qu’on doit réparer. On pense que d’offrir la possibilité d’avoir une superbe vue sur le lac Saint-Jean et le paysage va attirer des touristes », croit le président, Daniel Carrier.

Par contre, le projet de clocher-belvédère ne fait pas l’unanimité et une nouvelle proposition devra être faite.

Lors d’une assemblée de consultation, le vendredi 29 novembre, les paroissiens ont accepté dans une proportion de 92% le projet de vente du presbytère, mais seulement 59,8% des personnes appuient le projet de clocher-belvédère.

Des gens ont signalé que la présence du belvédère pourrait brimer leur vie privée puisque des gens pourraient voir sur leur terrain résidentiel.

« Nous avons un OK, mais ce n’est pas assez. Les architectes vont travailler sur le concept afin de réduire aux maximums l’intrusion dans la vie privée. C’est un élément auquel nous n’avions pas pensé. Notre volonté est que l’ensemble de la population embarque dans le projet pour que ce soit une réussite.

Investissement de 1,2 M$

Le projet de clocher-belvédère est évalué à 1,2 M$.  La réparation du clocher représente une somme de plus de 100 000 $.

Des escaliers seraient construits pour atteindre le clocher. Pour ce faire, l’orgue Casavant devra être déplacé. Une plateforme serait ajoutée derrière les cloches et un belvédère de près de 5 pieds ceinturerait le clocher actuel. Ainsi, les visiteurs se retrouveraient à plus de 75 pieds dans les airs.

Daniel Carrier estime que l’attrait pourrait attirer 8 000 visiteurs par année et amasser 50 000 $ en revenus.

« L’idée nous est venue à la suite de voyage en Europe où il est possible de monter dans les clochers et observer le panorama. Je crois que c’est une belle manière de faire découvrir le paysage et faire visiter notre église. Les cloches à elles seules valent le déplacement. »

Campagne de financement

Une importante campagne de financement sera instaurée. La formule envisagée consiste à vendre chacune des 120 marches. De plus, des demandes de subventions seront effectuées.

Les plans finaux se feront en 2020 et on souhaiterait les débuts des travaux en 2021.

Pour ce qui est de la vente du presbytère, la municipalité a démontré de l’intérêt pour l’acheter et y loger la bibliothèque. La valeur oscille entre 200 000$ et 250 000$.

Avenir des églises : Le temps presse!

L’horizon de viabilité pour les églises sur le territoire oscille entre 5 et 12 ans, selon le coordonnateur de l’unité pastorale du lac, Luc Potvin.

« C’est clair que l’avenir est incertain. C’est pour cette raison que nous cherchons des solutions avec l’ensemble des fabriques pour réduire les coûts et tenter de trouver des revenus. Pour certaines, ça presse plus que d’autres », déclare-t-il.

Comme seulement de 3 à 5% de la population paye pour la capitation et que les revenus des quêtes sont en baisse, les fabriques n’ont d’autres choix que de piger dans leur bas de laine, qui s’épuise rapidement.

Presbytère

Une des solutions passe souvent par la vente du presbytère, comme ce fût le cas à Saint-Félicien. À Saint-Prime, on s’apprête à le faire, l’assemblée des paroissiens a accepté récemment dans une proportion de 92% sa vente.

Les fabriques doivent trouver de meilleures utilisations de ces édifices qui sont souvent sous-occupés. À Saint-Félicien, la Saint-Vincent de Paul, la Société d’histoire et la fabrique s’y retrouvent désormais, à la suite de la vente du presbytère.

« Si ça ne change pas, on va être obligé de fermer nos églises. Il n’y a plus assez de gens qui pratiquent. Les gens veulent garder leur église même s’ils ne la fréquentent pas. Même si la capitation va bien à Saint-Félicien, les gens pourraient s’impliquer encore plus financièrement, car on a des travaux à faire chaque année et les dépenses sont élevées. Pour le chauffage, c’est 5 000$ par mois en hiver », mentionne le marguiller, Christian Savard.

La Doré

L’exemple de La Doré semble bien fonctionner. Selon le maire Yanick Baillargeon, presque chaque semaine la municipalité reçoit un appel concernant le modèle de cohabitation entre le lieu de culte et les bureaux administratifs.

« On paye 40% des coûts et des réparations. Il faut refaire la toiture et on se partage la facture de 500 000 $. Si on ne trouvait pas de solutions, il ne restait que deux ans avant que la fabrique fasse faillite », informe-t-il.

S’ajoute à ces difficultés financières, le manque de relève concernant les prêtres.

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