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La loi 88 : une petite révolution dans l’industrie brassicole

Le 04 juin 2016 — Modifié à 00 h 00 min le 04 juin 2016
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BIÈRE. Il y a actuellement une grande transformation dans le monde des microbrasseries au Québec. Le projet de loi 88 « Loi sur le développement de l’industrie des boissons alcooliques artisanales » qui a été adopté par le gouvernement provincial le 26 mai dernier est une véritable petite révolution dans l’industrie pour Louis Hébert, brasseur de Saint-Félicien.

Ce projet de loi donnera la possibilité aux brasseurs artisans exploitant des « brouepubs », c’est-à-dire des établissements dont les bières peuvent être uniquement consommées sur place, de vendre de la bière à emporter pour une consommation à l’extérieur de leur établissement.

« Cette loi qui a été votée à l’unanimité par tous les députés du Québec va modifier les habitudes de consommation des gens. Dans quelques semaines, les gens pourront aller dans les brouepubs et faire l’achat d’un « growler » qui est un récipient en verre pour la bière en fût. Il va donc y avoir de la vente pour emporter dans certains établissements », souligne Louis Hébert.

Dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, seule la microbrasserie Le Lion Bleu d’Alma serait de type « brouepub ». Alors que dans les villes de Québec et de Montréal, ce type d’établissement est fleurissant.

Aux dires du brasseur, les « brouepub » sont moins fréquents en région en raison des ventes qui sont moindres en hiver.

« La grande majorité des brasseurs de la région prennent des permis afin d’embouteiller leurs produits comme nous à La Chouape. Donc, quand l’hiver arrive et que le bar est plus tranquille, nous sortons nos bières dans les marchés. Maintenant, ces brasseurs qui n’embouteillent pas pourront vendre leurs produits pour emporter, et ce, dans un contenant unique réservé à l’usage des « broupubs » », explique Louis Hébert.

L’effet micro

En avril dernier, l’acquisition de la Microbrasserie Archibald par Labatt était une transaction importante dans le domaine. Par contre, pour Louis Hébert il ne faut pas s’imaginer que les grands brasseurs vont acquérir des microbrasseries ici et là.

« On parle des grosses microbrasseries, d’entreprises valant des dizaines de millions de dollars. On parle de microbrasserie, mais ces entreprises que les grands brasseurs acquièrent sont 100 fois plus grosses que nous. Juste à titre comparatif, l’Archibald embauche 480 employés. Ici à La Chouape, nous sommes six à temps plein. Nous ne jouons vraiment pas dans les mêmes ligues », souligne-t-il.

Le terme microbrasserie englobe toutes les entreprises produisant moins de 300 000 hectolitres annuellement.

« Ce sont donc les grandes microbrasseries qui sont dans la mire des brasseurs comme Labatt ou Molson. Au Québec, nous pouvons presque les compter sur une seule main, comparativement à près de 135 plus petites. Notre production est trop faible pour le réseau de distribution des grands brasseurs », souligne M. Hébert.

Il est impossible de cacher que les bières de microbrasserie ont le vent dans les voiles. Les épiciers offrent un vaste choix à leur clientèle, mais le client a peu d’informations au sujet des bières et des brasseurs.

« Les grands brasseurs ont de l’intérêt pour les bières de microbrasserie, car ils savent que le consommateur ne fera pas la différence. Parfois des produits de l’ouest et des micros ontariennes sont intégrés sur les tablettes des épiceries. On parle de microbrasserie, mais ce sont des entreprises immenses et robotisées. Bref, le terme microbrasserie n’est qu’un terme légal qui regroupe un ensemble de brasseurs », explique-t-il.

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