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Thérèse Bégin-Launière se souvient du pensionnat

Yohann Harvey Simard
Le 08 octobre 2021 — Modifié à 11 h 14 min le 08 octobre 2021
Par Yohann Harvey Simard - Journaliste de l'Initiative de journalisme local

La vie dans les pensionnats indiens a marqué à jamais bon nombre d’Autochtones partout au Canada, ceux qu’on appelle les survivants. Mashteuiatsh ne fait pas exception. Quelques-uns ont livré un témoignage à l’occasion de la Journée de la vérité et de la réconciliation avec les Premières Nations, dont celui bouleversant de Thérèse Bégin-Launière.

La dame de 71 ans a fréquenté le pensionnat autochtone de Mashteuiatsh, qui a existé de 1960 à 1991. Les blessures laissées sont encore profondes.

« J’avais une dizaine d’années lorsqu’on est venu me chercher pour rentrer au pensionnat. On n’avait pas le choix. Je garde encore un traumatisme à la suite de mon passage au pensionnat. J’habitais à l’époque avec ma famille, en forêt, dans le parc de Chibougamau, le territoire de mon grand-père. Il faut se rebâtir ensuite si on ne veut pas sombrer et j’ai lutté pour me refaire une nouvelle vie », raconte celle a pensionné à Pointe-Bleue, comme on disait à l’époque, pendant trois années.

Thérèse Bégin-Launière se souvient des nombreux abus et sévices dont elle et d’autres pensionnaires ont subi au fil de ces années. Les attouchements par des personnes en autorité de l’établissement sur les enfants étaient courants. L’Autorité ne devait jamais être contestée et encore moins défiée, au risque de subir des violences verbales ou de sévères punitions physiques ou les deux à la fois.

Jusqu’à en perdre son identité

« Il était interdit de parler notre langue, d’exprimer notre culture et de vivre selon nos valeurs. On nous enlevait notre identité propre. Heureusement, j’ai eu des bons parents. J’ai eu plus de chance que d’autres qui, malheureusement après le pensionnat, ont sombré dans l’alcool, les drogues ou la violence », raconte-t-elle.

Des blessures qui sont présentes encore aujourd’hui et avec lesquelles elle a dû composer dans son processus de guérison.

« Je disais souvent qu’un jour j’irais à l’université. J’ai appris le montagnais avec les miens et aussi le français. Je suis allée étudier à l’UQAC, en 2009, pendant un an. Je voulais me prouver à moi-même et à d’autres aussi que j’en étais capable. J’avais arrêté l’école à 17 ans et j’ai repris des cours du soir dès les années suivantes. J’ai d’ailleurs enseigné au primaire, de 1982 à 1986 ».

Au sortir du pensionnat, Thérèse Bégin-Launière a dû combattre ses démons, au prix de nombreux efforts et à force de détermination. Elle n’a jamais habité à Mashteuiatsh, seulement logé au pensionnat. Elle vit à Roberval depuis 26 ans.

« J’ai beaucoup d’amis autant à Roberval qu’à Mashteuiatsh. Une journée commémorative comme celle d’aujourd’hui, ça démontre une belle ouverture. On doit continuer à tisser des liens entre communautés autochtones et allochtones », conclut celle dont le sourire est contagieux.

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