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Une relève à la rescousse pour la Ferme André Lévesque

Louis Potvin
Le 05 octobre 2018 — Modifié à 09 h 53 min le 05 octobre 2018
Par Louis Potvin - Rédacteur en chef

 

Le démantèlement de la Ferme André Lévesque a été évité de justesse.  Une relève inespérée s’est manifestée pour poursuivre la culture maraîchère de ce pionnier de Roberval.

«Il était midi moins une comme on dit. En 2017, j’ai décidé de commencer un démantèlement en vendant quelques équipements de la ferme. Et puis Mathieu m’a contacté et tout a changé », relate André Lévesque, en plein cœur de son champ de laitue.

Ce Mathieu, c’est Mathieu Parent, originaire de Roberval. Un agronome qui vient terminer ces études universitaires. C’est grâce à une connaissance qu’il a su qu’André Lévesque souhaitait prendre sa retraite et qu’il cherchait toujours à céder son entreprise à une relève.

«J’avais en tête de me lancer en entreprise, mais pas tout de suite. Je voulais travailler un peu comme agronome à Québec avant de revenir au Lac-Saint-Jean, surtout que ma conjointe avait un très bon emploi à Québec. C’est justement Daphnée qui m’a dit : tu ne peux pas passer à côté d’une telle opportunité. Il faut la saisir», mentionne le jeune homme de 23 ans, qui s’est frotté à la réalité de maraîcher tout l’été.

 

Mathieu Parent et André Lévesque ont développé une belle complicité depuis qu’ils se sont engagés dans un processus de transfert d’entreprise.

 

Complicité

On sent une belle complicité entre les deux hommes quand ils parlent de l’été qu’ils viennent de passer pour vérifier si la relève était possible.

«Il fallait valider des choses. J’ai constaté qu’il n’a pas peur de l’ouvrage et il a une bonne tête. Si j’avais eu un seul doute, je lui aurais dit : Mathieu, ce n’est pas un métier pour toi. Oublie ça. »

Le passé de nageur de Mathieu lui donne les outils pour cette carrière.

«J’ai appris beaucoup de la natation, qui m’a inculqué une grande discipline. Quand mes amis allaient prendre une bière, moi je restais à la maison à me reposer afin d’être en forme pour mes entrainements. Je pense que la natation m’a donné les outils pour relever ce nouveau défi », mentionne celui qui a remporté le Marathon de la relève de la Traversée internationale du lac Saint-Jean en 2013.

Retour des légumes

 

André Lévesque ne devait plus produire de légumes en 2018, mais l’arrivée de Mathieu Parent a tout changé.

 

André Lévesque ne prévoyait produire que des fraises et des framboises en 2018. La rencontre avec Mathieu, au début de l’hiver, a changé ses plans.

«On n’avait plus de kiosque sur le boulevard Marcotte depuis qu’on l’avait vendu à la Coop des deux rives. Mathieu tenait à poursuivre la culture des légumes. On a donc décidé de faire comme dans le temps et avoir un kiosque à la ferme. La réponse m’a surpris. On sent que les gens de Roberval et d’ailleurs tiennent à acheter des légumes frais de producteur locaux.»

 

 

Producteur maraîcher : un métier difficile

«Si Mathieu devait commencer comme moi dans le temps avec rien, je lui dirais oublie ça! Mais là, il a de l’équipement, de bonnes terres et surtout une clientèle établie.»

En 1975, André Lévesque a commencé avec une pelle ronde et des champs pas prêts pour la culture. Même si les spécialistes de la Ferme expérimentale de Normandin lui disaient qu’il n’était pas possible de cultiver des fraises au Lac-Saint-Jean, il s’est entêté et il a réussi.

 

«J’étais résigné à cesser sans relève, j’avais même commencé le démantèlement. »

 

«Le métier est rendu difficile. C’est difficile d’attirer des jeunes. C’est l’enjeu de la main-d’oeuvre qui est préoccupant. Il y a dix ans, j’avais 80 cueilleurs. J’ai dit à Mathieu : tu vas devoir prendre des cours d’espagnol », lance en riant André Lévesque, en faisant référence à l’obligation de se tourner vers les travailleurs étrangers pour assurer le développement de l’entreprise.

Financement

Autre difficulté pour assurer la relève, les programmes ne sont pas nombreux pour soutenir la transition. Mathieu devrait réussir à se qualifier dans un programme ou deux.

«Le problème, c’est qu’il y a des programmes pour obtenir des prêts, mais il faut mettre une bonne mise de fonds. Et quand tu commences, tu n’as pas 50 000 $ pour acheter l’entreprise», mentionne Mathieu Parent.

Souvent, le propriétaire n’a pas le choix d’aider ou même de financer l’acheteur pour que la transaction se concrétise.

«Il faut vouloir, car il n’y a pas vraiment de programme adapté. Il faut y aller graduellement. Nous sommes sur la bonne voie. Pour l’aider, je vais lui louer l’équipement et il va acheter les terres graduellement. Je tiens à l’aider pour que l’entreprise survive.»

Trouver la perle rare

 

«Ce qui est le plus difficile c’est de trouver des programmes adaptés pour la relève. On est un peu laissé à nous même »

 

André Lévesque a cherché désespérément au cours des dernières années des gens pour prendre la relève, mais ça n’a pas fonctionné. Ses deux enfants n’avaient pas l’intérêt de poursuivre dans la même voie.

L’homme de 68 ans est prêt pour la retraite. Il s’était résigné à un démantèlement. Et Mathieu est arrivé. Il peut maintenant dormir tranquille.

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