Culture

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Lancement du livre « Le pensionnaire » : Chantale Potvin brise le silence des autochtones

Le 26 juillet 2010 — Modifié à 00 h 00 min le 26 juillet 2010
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C'est pratiquement un roman d'horreur qu'a écrit la Robervaloise Chantale Potvin. L'auteur n'a pas eu peur d'utiliser des mots durs. Il s'agissait de la bonne manière de nous faire réaliser la dureté des gestes qui ont été posés aux 150 000 jeunes qui ont fréquenté les pensionnats indiens. Ce roman est le résultat de nombreuses rencontres avec des autochtones qui ont vécu cette torture. Bref, après plusieurs années, Chantale Potvin les aide à briser le silence dans ce roman empreint de vérité.

Pour faire une histoire courte, en 1876 le gouvernement fédéral adopte la Loi sur les Indiens. Tous les enfants autochtones tombent alors sous sa tutelle. En 1920, la fréquentation de pensionnat devient obligatoire pour les autochtones âgés de six à quinze ans. Partout au Canada, ce sont environ 150 000 enfants que l'on arrache à leur famille avec comme objectif de les assimiler. « Cette réalité a longuement été gardée sous silence. Très peu de jeunes sont au courant des actes que les autochtones se sont vus affligés par la mise en place de cette Loi sur les Indiens. J'aime les jeunes, la preuve je suis enseignante. Jamais je ne pourrais accepter que l'on fasse du mal à un jeune. Quand j'ai découvert toute la souffrance que les jeunes autochtones ont vécue dans ces pensionnats, je ne pouvais pas laisser cela sous silence. Je devais l'écrire », mentionne l'auteure.

Le chef de la communauté de Mashteuiatsh, Gilbert Dominique, était présent. Pour lui, cette rencontre n'était pas seulement le lancement du livre « Le pensionnaire » : « C'est bien plus qu'un lancement de livre. On nous met en face une réalité qui n'est pas si loin de nous, car c'est nos grands-parents et nos parents qui l'ont vécue. Il leur a fallu du courage pour faire face à cette réalité. Par contre, aujourd'hui, nous avons toujours notre langue, nos traditions, nos valeurs et notre culture qui font de nous un peuple unique. Je pense que nos parents doivent être fiers de ce qu'ils nous ont légué. Une fois que cette situation sera mise au clair, nous pourrons nous propulser vers l'avenir. Bref, ce que Chantale Potvin a écrit, c'est un outil et un document précieux. C'est une initiative remarquable! », soutient-il.

Un témoignage

Lors du lancement du livre, un ami de Chantale Potvin, Claude Boivin qui a vécu pendant quatre années dans un pensionnat indien a tenu à dire quelques mots : « C'est un tout petit livre, mais il a extrêmement de poids. La grande majorité des pensionnaires vivent encore aujourd'hui avec les répercussions. Le seul moyen de me libérer de ces toxines qui ont empoisonné ma vie était sans aucun doute d'en parler », affirme M. Boivin. « J'ai passé quatre ans dans un pensionnat, mais pour moi, il me semble que j'y suis resté un jour. Tout le temps où j'y suis resté, j'étais mort. Je me souviens de seulement un repas. Par contre, ils n'ont pas pu effacer ce qui était en nous. Ils n'ont pas touché nos âmes et ce que nos kukum (grand-mères) et nos muchum (grands-pères) nous ont transmis », ajoute M. Boivin.

Pour les victimes des pensionnats indiens, le travail réalisé par Chantale Potvin est un outil de guérison. C'est une réalité dure et plusieurs personnes ne s'en sont jamais remises. Claude Boivin n'en a pas parlé pendant 25 ans, mais maintenant, il doit évacuer ce qui l'a empoisonné durant toutes ces années.

Pour l'auteure, l'écriture de ce roman a été très émouvante : « J'aurais pu en écrire encore plus tellement on m'a raconté des horreurs. Je voulais faire changer les choses. Je n'ai qu'un seul regret et c'est de ne pas avoir ouvert mon cœur avant. Nous sommes voisins après tout. J'ai rencontré des gens extraordinaires », mentionne Mme Potvin.

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