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N.D.L.R. : L’auteure Chantale Potvin a récemment publié le livre intitulé « Le pensionnat » dont l’intrigue se déroule dans un pensionnat indien. L’auteur de cette lettre ouverte désire donner sa version de l’histoire.
Un livre-choc vient d’être publié concernant les pensionnats amérindiens. Il convient de faire la part des choses et de dire vraiment ce qu’il en est.
Les parents des réserves amérindiennes partaient pour passer l’hiver en forêt avec leurs enfants. Le gouvernement a cru sage de décider que ces enfants avaient le droit, comme les autres Canadiens, de s’instruire et d’évoluer par le biais des pensionnats amérindiens.
Pour réaliser son projet, le gouvernement fédéral a fait appel à des communautés religieuses qui œuvraient déjà dans les réserves amérindiennes. Avec les interventions et la ténacité des leaders religieux, plusieurs de ces enfants ont atteint les étapes des Collèges classiques, des Cégeps et même des Universités.
Selon ce que nous lisons et entendons depuis plusieurs années, on en vient ainsi à oublier ce que tout cela a représenté d’efforts, d’encouragements, de générosité et de compréhension de la part de ceux et celles qui ont œuvré près de ces mêmes enfants.
Oui, ce fut difficile pour eux de quitter leurs parents en si bas âge, ne sachant et ne comprenant pas le langage de ceux qui s’occupaient d’eux.
Leurs efforts et la complicité de leurs guides les ont conduits là où ils en sont aujourd’hui, c’est-à-dire des personnes capables de s’exprimer et de faire valoir leurs idées. Mais, à ces mêmes Amérindiens, nous leur disons : « Ayez au moins la droiture d’esprit de reconnaître qu’il n’y a pas eu que du mauvais dans ce que vous avez reçu. »
Si des personnes vous ont blessés, soyez honnêtes pour ne pas en faire une généralité. Que de faussetés y sont exprimées dans les écrits que nous avons lus. Les dérapages véhiculés sont très néfastes et ont pour conséquence la perte de nos amis que nous apprécions beaucoup.
Le pensionnat que nous avons connu ne correspond pas à ce que nous avons lu. Amis Amérindiens, personne ne vous empêchait de parler votre langue respective. Nous disons respective, car il y avait différents dialectes parmi vous. Les repas étaient préparés à la cuisine par des Amérindiennes reconnues et les 3/4 du personnel étaient des Amérindiens. Les enfants de la réserve de Mashteuiatsh (Pointe-Bleue à l’époque) où était situé le pensionnat pouvaient aller passer toutes les fins de semaines dans leur famille. Quand nous avons lu que les Amérindiens étaient « bon à rien », qu’ils se sont fait dire qu’ils allaient aller en enfer directement, cela nous a peiné énormément. Quel dérapage et quelle imagination… Ce n’est pas la philosophie de ceux qui ont jusqu’ici enseigné l’amour, le partage et le don de soi.
Chers amis amérindiens, souvenez-vous des bons moments vécus ensemble : les olympiades régionales, les tournois de hockey régionaux et provinciaux. Vous avez fait l’admiration de toute une population. Souvenez-vous des prouesses que vous avez réalisées dans la vieille capitale, à Québec. Que dire de toutes ces activités récréatives, sportives et culturelles que vous avez vécues. Le pensionnat fut accueillant pour tous les gens de la réserve. À certains moments, il est même devenu le point central communautaire.
Nous espérons qu’un jour viendra, où vous serez en mesure d’apprécier ce que vous avez reçu et que d’autres n’ont pas eu. Ézélia Laforest et Jean-Pierre Juneau, ex-employés du pensionnat amérindien de Mashteuiatsh
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