«Il faut rejeter la désignation des terres à Mashteuiatsh»

«Il faut rejeter la désignation des terres à Mashteuiatsh»

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Le 8 décembre, les membres de la communauté de Mashteuiatsh seront appelés à voter sur une modification à la Loi sur les Indiens concernant le statut de certains secteurs de la réserve. Non seulement, le communiqué émis par le secrétariat exécutif de la communauté de Mashteuiatsh est très bref, mais surtout nullement explicite quant aux enjeux réels d’un tel geste.

Pourtant, on sait tous que les conséquences d’une modification au contenu de la Loi sur les Indiens sont énormes et ouvrent toutes grandes les portes à des changements de diverses natures dans le futur. Les conséquences sont tellement énormes d’ailleurs que très peu, parmi les quelque 750 communautés indiennes à travers le Canada, osent le faire. Et pourtant, parmi ces quelques 750, bon nombre d’entre elles ont des ressources au moins aussi compétentes que la nôtre pour les conseiller.

L’objectif est, semble-t-il et je cite, « de permettre le développement commercial et industriel sur la réserve par le biais de transactions immobilières, sans les contraintes de la Loi sur les Indiens, notamment celles reliées aux garanties financières ». Personnellement, si je voulais m’assurer que personne ne comprenne, c’est exactement de cette manière que je m’exprimerais.

Si j’ai bonne mémoire, les deux seules périodes de pointe où il y a eu un certain niveau d’activités économiques sur la réserve c’était lors de la réalisation des projets hydroélectriques des rivières Manouane et Péribonka. Pourtant, durant ces périodes de pointe, les entreprises ont réussi à faire ce qu’elles avaient à faire sans qu’il soit nécessaire de changer la Loi sur les Indiens. Il est également important d’ajouter que toutes les entreprises qui ont été créées dans le temps sont presque toutes disparues aujourd’hui. On a donc lieu d’être sceptique sur les éventuelles créations d’emplois et surtout sur leurs durées.

Pourquoi aujourd’hui est-ce devenu indispensable de modifier la Loi sur les Indiens pour que d’obscurs projets de développement commercial et industriel se réalisent?

On ajoute plus loin dans le communiqué : « La gestion de ces parcelles de terre par la bande lui permettra d’obtenir des revenus pouvant bénéficier à toute la collectivité ». Si le Conseil de Bande est à ce point à la recherche de revenus, comment se fait-il qu’il n’agisse pas dans les dossiers existants comme celui des taxes sur les terrains de villégiature?

Autonomie

En effet, il n’y a de ça pas si longtemps, le Conseil de Bande antérieur a laissé le gouvernement fédéral percevoir la TPS et la TVQ sur les baux des terrains de villégiature situés sur la réserve sans s’objecter et le Conseil de Bande actuel laisse toujours le gouvernement fédéral percevoir ces mêmes taxes. Quand on veut vraiment exercer son autonomie, on commence par se pratiquer sur des cas concrets comme celui-là. Ça c’est de la volonté d’autonomie.

Sans être l’un des plus fervents défenseurs de la Loi sur les Indiens, je suis toute de même conscient qu’au-delà du fait qu’on s’y soit habitué puisqu’on vit avec depuis près de 150 ans, si on ne l’avait pas eu, il n’y aurait plus de communauté depuis bien longtemps et notre Nitassinan serait disparu lui aussi.

Aussi, avant d’aller de l’avant à supporter un projet de changement dont les objectifs sont, pour le moins obscurs, ma préférence serait de passer un message clair au Conseil de Bande en lui disant qu’on peut créer de l’activité économique sur la réserve et qu’il n’est pas nécessaire d’avoir recours à des moyens extrêmes pour le faire.

En effet, la communauté de Mashteuiatsh a déjà les ressources humaines et financières pour créer, à court terme, une cinquantaine d’emplois de qualité et ce, sans modifier le contenu de la Loi sur les Indiens et, mieux encore, sans venir en concurrence avec des entreprises existantes de la communauté et en dehors de la communauté.

Et pour ce qui est de générer des revenus pour la communauté, j’aime bien mieux l’idée de voir 50 membres de plus améliorer leurs conditions de travail et gagner 50 000 $ chacun et de voir 50 nouveaux jeunes faire leur entrée sur le marché du travail que de voir le Conseil de Bande empocher 2 ,5 millions de dollars dont une grosse partie va servir à générer je ne sais quoi.

Tant que les leaders de la communauté ne comprendront pas que leurs rôle est de créer un environnement propice au développement et non de le contrôler et de l’initier, la prospérité demeurera un rêve et ne deviendra jamais réalité.

—Germain Paul

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