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Raconter en quelques minutes les 125 ans d’histoire des Ursulines de Roberval riche d’un passé aussi abondant que celui de la ville qui les a accueillies en 1882, cela relève de l’exploit. J’ai plutôt choisi de vous raconter les Ursulines…comme le ferait un voisin puisque j’ai passé toute mon enfance près d’elles, et encore plus !
Mon père leur a consacré quelque 49 ans de sa vie comme responsable de l’usine de chauffage. Pour les St-Pierre, les Ursulines, ce fut presqu’un membre de leur famille. Par exemple, dans les 82 ans d’histoire de la présence de cette usine de chauffage, on n’aura connu que quatre chauffeurs-responsables et trois ont été des St-Pierre, les frères Jean et Alphonse, mon père, et Lauréat, son neveu, ce qui a représenté à eux trois : 62 ans de services. Je m’attendais toujours un bon jour à l’érection d’une statue de Saint-Pierre, le Saint, à quelque part dans la cour!
J’ai donc été témoin, surtout avec mes yeux d’enfant et d’adolescent, et plus tard comme adulte, d’une bonne partie de l’œuvre de cette communauté. Mon père avait bien sûr accès au monastère pour y effectuer divers travaux et mon frère Roger et moi, nous nous glissions derrière lui pour découvrir toute la sérénité de ces lieux de travail et de prières. Ces vaillantes religieuses, nous les avons vues laver le linge à la buanderie, éplucher les patates dans les caveaux, préparer les hosties pour le dimanche, s’occuper du grand poulailler, cultiver leur vaste jardin et travailler dans la serre, s’occuper des loisirs des élèves dans la grande glissade donnant sur le toit de l’usine de chauffage et aussi et combien de fois les avons-nous surprises en méditation sur la longue promenade longeant le lac St-Jean.
Et que dire aussi des deux fermes situées vers le 1er rang, Notre-Dame des Anges et St-Joseph, où nous allions y travailler durant les congés scolaires, entre autres pour y faire la récolte des patates…en plus de notre présence régulière dans l’étable avec ses chevaux et située tout près de notre maison, entre le couvent et le Palais de justice, nous disions alors : «demeurer entre le Bon Dieu et le diable!». Une maison qui appartenait aux Ursulines, occupée aujourd’hui par la famille du sculpteur Léonard Simard. Elle fut remplacée plus tard par celle du Shérif Lévesque, sur la rue Notre-Dame. Nous nous sentions en quelque sorte protégés puisqu’il y avait tout près de nous ce phare que constituait ce couvent et celles qui l’occupaient. Elles étaient alors plus de 100 religieuses beaucoup plus que les 22 sœurs qui durent quitter pour toujours cette oasis de paix suite à cet incendie meurtrier du 23 mars 2002. C’était le septième incendie que connaissait ce couvent dans ses 125 ans d’histoire…et celui-là arrivait à un bien mauvais moment ! Aujourd’hui, la communauté des Ursulines de Roberval s’éteint quelque peu et ce sont des membres de notre belle famille robervaloise qui vont nous manquer !
Les Ursulines à Roberval
Et dire qu’on a bien failli de ne jamais compter ces religieuses parmi les Robervalois!. La petite histoire, qu’on n’a pas toujours racontée, nous apprend que le député de l’époque, en 1880, M. Elisée Beaudet, qui était le seul député provincial dans la région, avait alors proposé à l’évêque, Mgr Dominique Racine, d’implanter cette communauté à Hébertville. Il n’avait pas osé proposer Chicoutimi qui comptait déjà des communautés religieuses. Or, la détermination du curé de Roberval, l’abbé J.-E. Lizotte, qui fit, à ce sujet, de nombreuses démarches auprès de Mgr Racine, est parvenue à convaincre le député Beaudet que ces religieuses devaient s’implanter à Roberval, tout près du lac, un lieu propice pour la prière. L’immense lac St-Jean et Roberval, avec chacun leur charme de l’époque, avaient gagné leur cause ! Et ce n’est pas tout. En 1882, il fallait construire ce nouveau couvent. La population de Roberval n’atteignait même pas alors 3,000 âmes. Pour construire ce couvent de bois, Mgr Racine avait choisi un cultivateur du Bas-Saguenay. Or, ce constructeur n’ayant pas tellement de compétences en ce domaine s’aventura quand même de bâtir l’édifice sans devis.et la même petite histoire nous dit qu’il en aurait eu pour ses frais. Le terrain alors acquis par les religieuses pour construire ce premier monastère avait été obtenu d’un cultivateur Jean-Baptiste Parent qui l’avait cédé aux Ursulines au prix de $400. Voyez 125 ans plus tard ce que peut représenter en valeurs monétaire et historique ce même terrain d’autant plus qu’à force de persuasion et de prières des Ursulines, la multinationale Alcan parvenait à consentir, et cela à plusieurs reprises, de réaliser d’importants travaux de rehaussement du terrain, de construction d’une vaste promenade et de stabilisation des berges, particulièrement suite à l’inondation de 1926.
125 ans de présence
Le couvent des Ursulines de Roberval en ces 125 années de présence, c’est sans aucun doute là la plus belle histoire de dévouement et de don de soi que l’on peut connaître ! Il y a aussi toutes ces réalisations extraordinaires qui marqueront à tout jamais la région du Lac-St-Jean. Que dire de l’implantation dès les débuts de cette école ménagère, la première au Canada? L’autorité religieuse avait lancé ce message à Soeur St-Raphaël, la fondatrice du couvent de Roberval : «Allez préparer des jeunes filles capables d’aider leur mère au foyer». Ces sœurs ont rempli leur tâche à merveille formant combien de nos grands-mamans et mamans d’aujourd’hui capables, elles aussi, de s’épanouir dans leur foyer. Et ce fut la création de l’Ecole normale en 1926.avec les premières 60 normaliennes, celles qui allaient prendre la relève des religieuses pour éduquer et former d’autres personnes dans les écoles de toute la région et d’ailleurs.
Et ce fut ensuite le nouvel Institut familial construit en 1956 et béni, lors de son ouverture, par le cardinal Paul-Émile Léger, un édifice de trois étages devenu depuis une école secondaire et plus tard le Manoir Notre-Dame. Les Ursulines ont enseigné dans toutes les écoles de Roberval et elles ont même établi d’autres couvents dans les paroisses de la région. Elles ont enseigné aussi la musique, les arts, la littérature…pour fonder plus tard, en 1987, une Maison de prières et de réflexion, la Source d’eau vive.
On ne peut pas vivre auprès de tant de générosité et de dévouement à la cause de ses semblables sans être marqué par un tel esprit d’humanité…Ces religieuses, elles ont appris à toute une génération à tenir maison, elles ont prodigué des conseils, des connaissances intellectuelles, le savoir-vivre, la bonne tenue, elles ont donné le goût de la prière et de la réflexion, elles ont secouru les pauvres et elles ont accompagné par leurs prières et leur présence les gens de toute une région.et particulièrement ceux de Roberval…Venues souvent d’ailleurs, elles ont vécu avec les gens d’ici, elles les ont aimés…Le développement du Lac-St-Jean n’aurait pu se faire sans elles.et c’est un voisin qui leur dit au nom de cette population: merci d’avoir été là…et s.v.p….tant que cela sera possible, restez avec nous. Votre présence est encore utile, croyez-le !
Jean-Claude St-Pierre,
Société d’histoire
Roberval – Juillet 2007
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