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Un spécialiste se prononce

Semaine mouvementée dans le développement minier

Le 08 février 2024 — Modifié à 08 h 57 min le 08 février 2024
Par Maxime Hébert-Lévesque - Journaliste

Les annonces de développement fusaient la semaine dernière du côté des minières First Phosphate (FP) et Arianne Phosphate (AP), qui projettent l’implantation de mines d’apatite (phosphate) au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Selon Benoit Lafrance, directeur du Centre d’études sur les ressources minérales (CERM) de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), ces dernières annonces ne sont pas étrangères à l’ajout de l’apatite à la liste des minéraux critiques et stratégiques du Québec.

« L’ajout à cette liste était attendu depuis longtemps par les entreprises qui ont des projets d’exploitation du phosphate, c’était donc un bon moment pour ces sociétés de publier des communiqués de presse (…) Maintenant que cette substance-là se retrouve sur la liste, ça l’ouvre l’accès à des programmes de financement. De plus, en ajoutant cet élément à la liste, le gouvernement envoie le signal aux promoteurs qu’il est prêt à soutenir le développement de cette filière », explique-t-il.

AP annonçait qu’une étude de préfaisabilité était en cours pour l’intégration d’une usine d’acide phosphorique purifié (APP) à son projet de mine au lac à Paul. Cette usine devrait se trouver à la Zone industrialo-portuaire de Saguenay et, le cas échéant, mettre en marché un produit en demande par la filière batterie.

« Le marché des batteries LFP est en croissance et la demande est appelée à croitre. De grands constructeurs comme Ford, Volkswagen et Tesla utilisent les batteries LFP dans leurs voitures d’entrée de gamme. Donc au niveau du volume de ventes, ce sont ces voitures qui se vendent le plus. Principalement parce que les LFP coûtent moins cher à produire que la famille des batteries à nickel-cobalt-manganèse », souligne le directeur du CERM.

Toutefois, le chercheur rappelle que la mise en marché de l’APP n’est pas sans risque.

« Dans l’APP, il faut que tu t’assures d’avoir des clients, au contraire d’un producteur aurifère ou de cuivre qui sont des métaux où les prix de vente sont connus sur le marché et négociés de façon ouverte. Si tu pars une mine d’or, il est pas mal certain que tu vas vendre ta production. Les autres substances comme l’apatite ou le graphite, ce sont des ententes privées. Il faut donc avoir une bonne portion de production déjà vendue avant de démarrer ta mine. »

Selon Benoit Lafrance, AP est la minière junior au Saguenay-Lac-Saint-Jean qui est la plus avancée dans les différentes étapes qui mènent à la concrétisation d’une mine.

Loin de la coupe aux lèvres

First Phosphate a eu une semaine plutôt chargée. L’entreprise annonçait lundi dernier la découverte d’indices en teneurs élevées de phosphate sur un nouveau site de son projet Bégin-Lamarche, et mercredi elle annonçait la réalisation de forages exploratoires à cet endroit pour définir la ressource.

Si cela peut sembler prometteur, FP n’ouvrira pas une mine prochainement.

« À l’étape où ils sont, on ne peut pas dire qu’ils ont découvert un gisement. Avant de parler d’un gisement, il faut faire toutes les études économiques. On peut parler d’un indice ou d’une zone minéralisée intéressante. Ils devront faire une étude pour définir la ressource, donc le tonnage et la géométrie de l’objet géologique qui contient le phosphore. Il y a plusieurs étapes qui prennent plusieurs années dans des projets de cette envergure. »

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