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L’Île-aux-Couleuvres : un joyau méconnu et négligé

Le 05 août 2010 — Modifié à 00 h 00 min le 05 août 2010
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L’Île-aux-couleuvres regorge de trésors et de secrets méconnus. De plus, il s’agirait sans doute d’un site archéologique fort intéressant et riche en découvertes. À chaque pas, on peut cueillir un corail fossilisé ou observer des plantes uniques et même des couleuvres! Cet endroit aurait tout avantage à devenir un site écotouristique prisé et unique. Pour l’instant, c’est simplement une terre polluée.

Jacques Desbiens, professeur retraité, s’intéresse à tout ce qui touche la géologie et d’autres sciences relatives à la nature. Il en a fait le tour plusieurs fois. « En marchant sur l’île, on a l’impression d’être sur une plage du sud. Il y a assez de trouvailles ici pour développer un endroit touristique », a-t-il commenté. Selon la littérature géologique, les types de roches sur l’Île-aux-Couleuvres démontrent des pierres de 400 millions d’années.

 

M. Desbiens explique qu’il y a des millions d’années, nos terres étaient là où est la Floride. Des murs de coraux ont donc poussé pendant plusieurs millions d’années. Aujourd’hui, les roches gardent les traces de ces coraux. « C’est intéressant de toucher à ces pierres fossilisées qui sont si âgées. Je présume que nous pourrions retrouver de superbes pièces dans le fond de l’eau, munis d’équipements de plongée », a ajouté Jacques Desbiens. Le collectionneur de fossiles a même trouvé des graptolites, soient des animaux qui vivaient en colonies qui ont été découverts en 1829, dans les couches géologiques. Ce groupe est éteint depuis 300 millions d'années. « Nous avons aussi vu des trilobites à l’intérieur de certaines pièces, dans le coin de la Pointe de Chambord », a-t-il ajouté. Les derniers trilobites ont disparu il y a 250 millions d’années. Ils sont bien connus, car ils sont très abondants dans les roches et surtout très appréciés pour leur beauté et leur variété de formes. Et on en trouve sur toute l’Île-aux-Couleuvres.

Des plantes rares

Sur l’île, des plantes introuvables sur d’autres sols du lac Saint-Jean peuvent être observées. Nommons par exemple le pois maritime, vestige de la mer de Laflamme qui recouvrait toute la région du lac Saint-Jean jusqu’au fleuve Saint-Laurent. On peut voir aussi l’astragale du Labrador, une plante rare ici. «Ça poussait autrefois et on en voit un peu sur la Pointe de Chambord. Cette plante est surtout retrouvée dans le Grand Nord. J’émets l’hypothèse du feu de 1870 qui n’a pas touché l’île pour expliquer sa présence», a suggéré Jacques Desbiens.

Pollution

Sur l’île, on voit, pour l’instant, des sacs de poubelles, des déchets, de vieux tisons de bois, des chalets détruits et abandonnés, des mètres de vieux tapis pourrissant les rives, des antiquités laissées là depuis des temps immémoriaux, des bouteilles vides, des meubles empuantis dans le sable, etc. À évaluer l’âge et l’état de certains objets qui polluent ce magnifique endroit, nul besoin d’un grand spécialiste pour conclure que l’île est malheureusement et littéralement laissée à l’abandon. Un projet de nettoyage ne serait pas de trop pour redonner les lettres de noblesse au site.

Histoire et conclusion

Selon le fabuleux livre Histoire de Roberval de Rossel Vien, le nom Île-aux-Couleuvres, dérive de l’expression innue Manitou-Ministuki, l’Île du Mauvais Esprit. L’expression émane de la légende que les Autochtones avaient une telle horreur des couleuvres qu’ils demandèrent à un missionnaire de les chasser à tout jamais en les envoyant sur une petite île qui fut, dès lors, infestée de couleuvres!

 

L’Île-aux-couleuvres a déjà porté le nom de Petite Isle. Elle a appartenu à l’arpenteur P. H. Dumais, de là le nom de l’Île Dumais. Dans le livre de Rossel Vien, il est étonnant de lire ceci : « On a trouvé quantité de fossiles sur les deux îles et même des ossements. Avant que le lac fût saisi par l’industrie moderne, elles étaient le rendez-vous des excursions estivales. Dumais, qui avait cédé l’Île-aux-Couleuvres à son ami Euloge Ménard, avait converti la sienne en jardin tropical; sa basse-cour comprenait même des paons et des outardes qui allaient passer l’hiver en Floride ».

 

Nos ancêtres étaient tout de même plus visionnaires que leurs successeurs si on cause tourisme!

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