Chroniques

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Nos deux enfants s’envolent…

Le 26 juillet 2010 — Modifié à 00 h 00 min le 26 juillet 2010
Par daniel migneault

La mort de deux de ses enfants dans un incendie, y a-t-il pire? L’humain est-il naturellement outillé pour le deuil?

Francine Harvey et Alain Ross ont généreusement livré un témoignage poignant qui a littéralement baigné de larmes les trente élèves de 4e secondaire de la Cité étudiante de Roberval qui étaient présents lors de leur allocution. Mme Harvey est chef du département de l’imagerie médicale à l’Hôtel-Dieu et M. Ross est professeur en éthique à l’UQAC.

Le drame il y a 20 ans

Un deuil épouvantable, vécu le 17 juillet 1988 suite à un incendie, les a sortis de la belle vie de rêve dans laquelle ils étaient confortablement établis à Trois-Rivières avec leurs deux fils Jean-Sébastien et David âgés de neuf ans et sept ans.

La nuit caniculaire du 16 au 17 juillet leur a ravi leurs fils qui dormaient à poings fermés alors que le feu électrique a rasé la chambre où ils reposaient. Ironie du sort? Le plus vieux était allé dormir dans la chambre du plus jeune. Tout a découlé par la suite : les funérailles, la lente guérison des graves brûlures d’Alain Ross qui avait tenté de les sauver des flammes qui avaient envahi la chambre et le pire, le long et pénible cheminement de la guérison…

Message aux jeunes

« Quand on a fait un cheminement de deuil, on est capable d’en parler… », déclare Francine Harvey. « On ne vient pas ici pour pleurer sur notre sort, mais pour parler de l’importance de faire son deuil pour que la vie continue à avoir du sens et pour que l’on grandisse dans l’épreuve. Il ne faut pas choisir l’option de se plaindre et de se laisser abattre », renchérit Alain Ross.

D’une sagesse innommable, le couple a fait comprendre aux jeunes toute la fragilité de la vie, combien elle peut basculer en une fraction de seconde et toutes les années nécessaires pour rebâtir.

Après les pleurs, les lamentations et la révolte, il y a eu les questions parfois soulevées par le souvenir traumatisant du cri des enfants dans la nuit. Pourquoi ne sommes-nous pas morts nous aussi? Pourquoi Jean-Sébastien est allé dormir avec David? Pourquoi ceci? Et cela?

Il y a eu les réflexions, les lectures, les amis, les relations, les psychologues et tout ce qui est disponible pour vivre un cheminement exemplaire pour guérir de la tragédie la plus épouvantable qui soit.

Rayon de soleil!

Puis il y a eu Annabelle, jolie jeune fille présente lors du témoignage de ses parents et qui avait aussi de très belles choses à dire.

Le pardon, la révolte, la prière, ses valeurs, ses forces intérieures, sa spiritualité et savoir que toutes les mauvaises expériences mènent quelque part : « Il ne faut pas se décourager et se laisser abattre. Il y a toujours des rayons de soleil qui pointent de l’autre côté de la tempête. Il faut aussi se rendre compte de ce que nous avons de beau dans la vie : la santé, nos amis, nos enfants… La vie est un constant apprentissage. On grandit chaque jour », explique le couple.

Devant 1000 personnes aux funérailles, Francine Harvey a parlé, avec la souffrance maculant tout son être, de l’importance de savoir dire adieu même à nos enfants et malgré la cruauté de la tragédie, ne pas sombrer… pour vivre! Annabelle a lu un poème qui dit qu’elle aurait aimé que ses grands frères connaissent son univers…

Ce fut une heure touchante de richesses pour les jeunes, une heure qu’ils n’oublieront jamais!

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