Jeudi, 12 décembre 2024

Chroniques

Temps de lecture : 2 min 16 s

Une petite dernière

Le 19 mars 2024 — Modifié à 13 h 57 min le 19 mars 2024
Par Serge Tremblay

Au moment où vous lirez ces lignes, je ne serai plus en poste et je laisserai à d’autres le soin de poursuivre la belle et combien cahoteuse aventure de l’information locale dans la MRC de Maria-Chapdelaine, et plus largement, bien que dans une moindre mesure, au Saguenay-Lac- Saint-Jean.

Je me serai attelé à cette mission pendant tout près de 14 ans, un pas trop mauvais score dans un univers médiatique qui vit des années sombres et dans un marché du travail où la norme est plutôt de changer d’emploi aux deux ou trois ans.

Je suis très loin d’être une vedette et on a que faire de mes états d’âme à ce sujet, me direz-vous. Oui, en effet, mais c’est moi qui chronique et j’écris sur ce dont j’ai envie !

Être journaliste, une carrière que je n’avais pas envisagée une seule minute avant de le devenir, aura été un grand privilège. Surtout dans un petit milieu, où cela m’a donné accès à une foule de gens qui avaient des choses à dire sur un peu tous les sujets.

Des petites choses qui peuvent avoir l’air anodines aux grands événements qui auront fait époque à l’échelle de l’histoire locale, ce métier a fait que j’y étais dans un sens aux premières loges. Pas comme acteur, naturellement, mais comme observateur.

La réouverture de l’usine de Dolbeau ? J’y étais. La vente du monastère des Trappistes de Mistassini ? J’y étais. L’inauguration du complexe aquagym ? J’y étais. Et c’est sans compter toutes ces histoires intéressantes que des gens de divers horizons ont accepté de me confier.

Je répétais d’ailleurs à qui voulait l’entendre que ma plus grande satisfaction était de savoir que dans 25-30 ans, un petit jeune sur les bancs d’école allait faire un travail de recherche sur un sujet quelconque appartenant au passé et qu’il allait pouvoir retrouver des informations parce que je les ai couchées par écrit.

Ce métier, j’ai aimé le pratiquer et il m’a beaucoup apporté sur le plan personnel. Mais ce métier, je me demande où il s’en va. Les médias sont dans une crise qui continue de s’aggraver d’année en année, les salles de nouvelles rétrécissent sans cesse et il ne semble pas y avoir une voie claire pour l’avenir.

Je ne sais pas de quoi demain sera fait, mais je continue de croire qu’une population aura toujours avantage de se tenir informée de ce qui se passe chez elle. Savoir où le conseil municipal investit l’argent de nos taxes, connaître les entrepreneurs qui choisissent d’investir ici, se laisser surprendre par les parcours parfois ahurissants de gens de chez nous, c’est en même temps renforcer son lien envers la communauté.

Pour qui a déjà fait la balade en petit train dans les sentiers de la nature du Zoo sauvage de Saint-Félicien, il y a cette belle citation narrée par Michel Dumont : « Il faut apprendre pour connaître, connaître pour aimer, aimer pour protéger ».

Dans un certain sens, je trouve qu’elle s’applique ici aussi. Pour aimer son milieu, y ressentir un sentiment d’appartenance envers sa population et ses institutions, aussi imparfaites puissent-elles être, encore faut-il prendre le temps de le connaître.

La mission du journal local se trouve précisément là.

Gens de qui j’ai croisé la route ces 14 dernières années, je vous salue bien bas !

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