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Sites de minage de cryptomonnaies: difficile à rentabliser

Yohann Harvey Simard
Le 04 juin 2021 — Modifié à 13 h 52 min le 04 juin 2021
Par Yohann Harvey Simard - Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Il peut paraitre surprenant qu’on retrouve à La Doré et à Saint-Félicien des sites de minage de cryptomonnaies. Or, le propriétaire, Paul Paradis, songe à les fermer tant les difficultés se multiplient.

L’homme d’affaires, qui possède une entreprise en comptabilité à Saint-Félicien, a flairé la bonne affaire en 2017 et a décidé de se lancer dans le minage de cryptomonnaies. Il a acheté une bâtisse à La Doré et a fait installer des équipements électriques importants afin de pouvoir accueillir 350 ordinateurs appartenant à un client qui louait ses installations pour miner de la cryptomonnaie.

« Au début, ça s’est bien passé, mais par la suite, les exigences d’Hydro-Québec ont changé en cours de route. Et comme 80% des frais de fabrication sont liés à l’électricité, la rentabilité devenait plus difficile. Surtout qu’on m’a exigé un 50 000 $ en dépôt de sécurité. Ç’a créé de l’incertitude pour mon client qui a décidé de ne plus faire affaire avec moi et je le comprends », expose Paul Paradis.

Le comptable a donc décidé de continuer seul en utilisant une trentaine d’ordinateurs qu’il change d’endroit selon la période de l’année.

« Comme l’édifice de La Doré est vide, je fais de la cryptomonnaie à cet endroit en hiver, car le procédé permet de chauffer la bâtisse et l’été j’utilise mon site de Saint-Félicien. »

Et selon la fluctuation du prix, Paul Paradis peut cesser d’en produire, car ça ne devient plus rentable de le faire.

Installations imposantes

Ce que déplore Paul Paradis, c’est qu’il a investi plus de 135 000 $ dans ses deux sites et qu’il a toujours de la difficulté à trouver un terrain d’entente avec Hydro-Québec.

Les installations de La Doré sont particulièrement imposantes avec deux immenses ventilateurs qui ont été installés afin d’assurer la ventilation convenable du bâtiment. Les portes sont protégées avec du grillage. Les ordinateurs très puissants dégagent beaucoup de chaleur pour miner la cryptomonnaie.

L’autre installation se trouve derrière le bureau de comptable du boulevard Sacré-Cœur à Saint-Félicien.

Critiques

Paul Paradis ne comprend pas la logique d’Hydro-Québec dans le dossier des cryptomonnaies.

« On a de l’énergie renouvelable et ça apporte des revenus importants faire des Bitcoins. Seulement à mon échelle, c’était des couts d’électricité de 25 000$ par mois. »

Ce dernier mentionne que les petits producteurs de cryptomonnaies sont désavantagés.

« Actuellement, j’ai un taux de 6 cents le kilowattheure, mais un tarif dissuasif de 15 cents a été mis en place pour décourager les gens. C’est simple, on n’en veut pas au Québec. Moi, j’ai un droit acquis, mais Hydro-Québec veut le contester. »

Paul Paradis affirme que si la situation ne s’améliore pas, il va cesser de produire des Bitcoins. Selon lui, il s’agit de la plus fiable et la plus commune des cryptomonnaies. Par contre, la volatilité est toujours présente et il y a des risques d’en transiger parce que sa valeur fluctue énormément.

Hydro-Québec a encadré le secteur d’activité

Hydro-Québec n’est pas contre les projets de minage de cryptomonnaies au Québec. Par contre, elle tenait à bien encadrer la pratique en raison de la forte demande qui est apparue depuis 2018.

« Nous avons eu des demandes de partout dans le monde et elles totalisaient une demande énergétique de 18 000 mégawatts. Ce qui est énorme.  Nous avons donc demandé à la Régie de l’énergie d’obtenir un bloc d’énergie de 300 MW dédié au minage de cryptomonnaies. Un appel de projets a été fait et 30 mégawatts ont été accordés », explique le porte-parole, Jonathan Côté.

Il confirme qu’un moratoire a été imposé en 2018 et qu’effectivement, un tarif dissuasif de 15 cents le kilowattheure a été implanté pour toute consommation non autorisée.

Par contre, comme Paul Paradis a obtenu son droit de faire de la cryptomonnaie avant cette date, il bénéficie toujours du tarif M de nature commerciale.

« Je ne veux pas rentrer dans les détails d’un dossier particulier, mais le tarif est garanti pour le nombre de kilowatts attribué. C’est si un client veut en obtenir plus qu’il devra payer 15 cents. »

Par contre, comme il reste 270 mégawatts qui n’ont pas été octroyés dans le bloc d’énergie, Hydro-Québec a demandé à la Régie une modification des paramètres pour assouplir les normes.

« Ça pourrait même être du premier arrivé, premier servi. »

Pour ce qui est des dépôts de garantie, il s’agit d’une norme chez Hydro-Québec dans les cas de minage de cryptomonnaies en raison de la fluctuation des prix.

Par ailleurs, le gouvernement de la CAQ veut mieux encadrer la fiscalité entourant la cryptomonnaie. Revenu Québec coordonnera les travaux d’un comité regroupant l’Autorité des marchés financiers (AMF), le Ministère des Finances du Québec, la Sûreté du Québec (SQ) et l’Agence du revenu du Canada (ARC).

Au Québec, on retrouve 90 entreprises de cryptomonnaies qui consomment un total de 400 mégawatts.

 

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