Christian Taillon a acheté, en 1981, avec son frère Daniel Taillon la ferme familiale à Saint-Prime. Il explique qu’il a fallu préparer, dix ans à l’avance, la vente de leur entreprise agricole à Francis Taillon et Olivier Milot. Planifier une relève, dans ce domaine, ne se fait pas nécessairement en quelques jours.
« Comme le font certains, il aurait été plus facile de vendre la Ferme Taillon à la pièce plutôt que de la transférer à une relève agricole. Toutefois ce n’est pas ce que nous voulions. On préférait, de loin, que l’entreprise continue à opérer même si, en vendant à la pièce les actifs de la ferme, ça nous aurait permis d’obtenir plus d’argent », explique Christian Taillon qui après 45 années de dur labeur s’est retiré de la ferme familiale avec son frère.
Ils soulignent que l’explosion de la valeur des terres agricoles, du coût des équipements et des bâtiments pour opérer une ferme rendent inaccessibles, pour plusieurs, l’acquisition d’une ferme agricole.
Dix ans pour préparer la vente
Les deux ex-propriétaires désiraient conclure la vente à l’âge de 65 ans. Un souhait qu’il fut possible de réaliser. Au moment de la vente, Christian venait de souffler 65 bougies et son frère Daniel avait 64 ans.
« Le fait d’avoir débuté en 2015 les étapes pour conclure le transfert fut une bonne chose. On ne voulait pas arriver à 65 ans et entreprendre ce processus rapidement. En procédant sur une longue période, du point de vue fiscal, ça a permis aux acquéreurs de payer moins cher », ajoute à son tour Daniel Taillon.
« Il est relativement facile à une personne qui désire vendre, par exemple, son garage, de fixer un prix qui convient au vendeur et à l’acheteur. En agriculture, ce n’est pas la même chose. Si on avait fixé le prix en fonction du prix de vente moyen des terres agricoles du secteur, Olivier et Francis n’auraient jamais pu acheter la ferme. »
Une ferme en croissance
Pour préparer le transfert de la ferme, les frères Taillon avaient, au fil des ans, accordé de plus en plus de place à ceux qu’ils considéraient comme les futurs acquéreurs. « Au cours des dernières années, je me suis impliqué au niveau de l’UPA ce qui m’a permis de sortir davantage de la ferme. Quant à Daniel, il a toujours eu de la facilité à leur transférer des responsabilités », ajoute Christian Taillon.
La diversification des activités de la ferme a également permis de mieux préparer la transaction. « Nous avons 100 vaches laitières qui produisent du lait biologique. Nous opérons, pour Nutrinor, un poulailler qui produit, sans antibiotique, 1,3 million de poulets par année. De plus, nous cultivons sur nos terres agricoles et celles qu’on loue, du blé, chanvre, sarrasin, orge et fourrages pour les animaux, tous biologiques. Le fait d’avoir diversifié nos activités nous permet de gérer l’entreprise avec deux équipes complémentaires », conclut Christian Taillon.