Il n’a pas l’humilité de servir. Il ne s’adapte pas au rôle de chef d’état. Au contraire, il transforme l’état à son image: clownesque, sans culture et dangereux.
Et pourtant, on est là. 100 jours. Cent jours que Donald Trump s’assoit dans le fauteuil le plus puissant du monde, comme un enfant roi qui n’a pas été remis à sa place, qui signe des décrets selon son humeur du moment, qui en renverse d’autres comme une tour de blocs quand il est frustré, qui menace les autres nations du monde avec la toute-puissance d’un enfant qui vient de découvrir le bouton rouge de son jouet électronique.
J’ai chicané mes enfants pour des crises de bacon pas mal moins spectaculaires. Y’a des claques qui se perdent, comme on dit.
On aurait pu croire, ou espérer, que le peuple américain n’ait pas la patience de se rendre à 100 jours. Et pourtant, Donald est encore là, et bien en selle.
Je me réjouis toutefois de voir une résistance s’installer. Je pense entre autres à la gouverneure du Maine, Janet Mills, la démocrate, qui a refusé de plier devant la menace fédérale. Trump exigeait que les écoles interdisent aux filles transgenres de participer aux sports féminin, menaçant de couper les vivres à un programme de nutrition pour les enfants.
La réponse de Mme Mills en pleine rencontre à la Maison-Blanche: «see you in court», a fait le tour du monde. C’est beau de voir des gens rester debout dans le décor quand le spectacle vire au grotesque.
Il faudrait tracer une ligne. Une limite claire qui déterminerait que c’est la fin, et que ce type ne peut accomplir son rôle de président. Car plus ses comportements sont tolérés, plus ils deviennent la norme. Jusqu’où cela se rendra-t-il avant que l’on dise STOP? Qu’il nomme sa fille vice-présidente? Qu’on mette sa face sur les billets de banque? Où, plus sérieusement et plus inquiétant, qu’il prenne possession du Groenland par les armes?
Si tout ce à quoi on a assisté depuis 100 jours n’ont pas suffi à le démettre, qu’est-ce qui sera suffisant?
Il a réussi à multiplier les idées inquiétantes, voire dangereuses. Le gulf of America pour remplacer le Golfe du Mexique; autoriser la pêche dans un sanctuaire marin qui abrite des récifs coralliens vierges et des espèces menacées; rouvrir la prison d’Alcatraz qui est, depuis les années 60, devenue musée et parc national; acheter la bande de Gaza; assimiler le Canada, le Groenland et le canal de Panama; devenir pape (mégalomanie, quand tu nous tiens) ; célébrer son anniversaire par un défilé militaire; supporter son ministre de la santé qui affirme que «de nombreux débris de fœtus avortés» se retrouvent dans le vaccin contre la rougeole.
J’aurais besoin de 72 pages pour énumérer toutes les imbécilités qui ont été débitées depuis son accession au pouvoir.
Un beau bijou nous a été offert récemment, son message du 4 mai. Jour de fête pour les fans de Star Wars (où may the force devient «may the 4th»): «Joyeux 4 mai à tous» – y compris aux lunatiques de la gauche radicale qui se battent si fort pour ramener les seigneurs Sith, les meurtriers, les barons de la drogue, les prisonniers dangereux et les membres bien connus du gang M-13 dans notre galaxie. Vous n’êtes pas la Rébellion – vous êtes l’Empire.
Le tout accompagné de cette image:
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Man, t’es loin d’être un Jedi. Et le lightsaber rouge, c’est celui des méchants. Il y a des symboles qui ne mentent pas.
Pendant ce temps-là, on rit jaune et chaque jour où il reste aux commandes laisse des traces. Faudrait que ce mauvais film cesse.