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Temps de lecture : 3 min 9 s

La bioéconomie : ce que j’ai appris en osant faire autrement

Le 19 juin 2025 — Modifié à 14 h 30 min le 19 juin 2025
Par Christian Taillon

Contenu commandité

En collaboration avec la MRC Domaine-du-Roy

Quand on pense à l’avenir de l’agriculture, un mot revient souvent : bioéconomie. Un mot qui peut sembler abstrait, mais qui, dans le fond, décrit des pratiques bien concrètes que plusieurs d’entre nous appliquent déjà sans le savoir. Pensons, par exemple, à la valorisation de la biomasse (fumier, lisier), à l’utilisation d’engrais verts dans les rotations ou à la réduction de notre empreinte carbone par de bonnes pratiques de conservation des sols. Tout ce travail se fait dans le souci de concilier productivité, biodiversité et innovation pour une meilleure rentabilité financière, afin d’assurer la pérennité de nos entreprises.

Lorsque j’étais propriétaire de la Ferme Taillon & Fils inc., j’ai eu la chance de travailler sur quelques projets liés à la bioéconomie. Aujourd’hui, j’ai envie de vous partager mon histoire, non pas pour donner des leçons, mais pour, peut-­être, semer quelques idées.

FAIRE LES CHOSES DIFFÉREMMENT

La Ferme Taillon & Fils inc. est située à Saint-Prime. On y exploite environ 775 hectares en culture et on élève cent vaches laitières en régie biologique. On fait aussi de la production de volailles à forfait pour Nutrinor, autour de 1,3 million par année. C’est une ferme familiale, avec quatre actionnaires, et surtout, une équipe passionnée.

Le vrai virage, on l’a amorcé en 2000, quand on a décidé de passer en production biologique. C’est à ce moment-là qu’on a aussi commencé à revoir notre plan de culture et qu’on a introduit des céréales destinées à la consommation humaine.

Et c’est là que le chanvre industriel est entré dans notre vie.

LE CHANVRE : UNE OPPORTUNITÉ À SAISIR

À l’époque, c’était un marché de niche, et il fallait être en bio pour y accéder. La graine avait une bonne valeur, et sa culture nous intéressait. On a donc tenté le coup. Année après année, on a augmenté nos superficies, tout en apprenant à mieux comprendre cette plante étonnante.

Alors que le chanvre est connu pour ses nombreux usages, on récoltait juste les graines pour l’alimentation. Le reste de la plante finissait au sol, faute de moyens pour le valoriser. Pourtant, dans le contexte actuel de transition et de sensibilisation à la bioéconomie et à l’économie verte, cette plante représente une ressource renouvelable de haute valeur, avec des applications qui vont du textile aux matériaux isolants, en passant par le béton, les bioplastiques ou les extraits pharmaceutiques. Partout ailleurs, le chanvre est cultivé depuis longtemps et on gagnerait à le valoriser davantage ici également.

Bien conscients de ce potentiel énorme, on a tenté plusieurs projets à la Ferme Taillon & Fils inc. :

• Des essais de variétés à double usage (graine et fibre);

• La récolte de fleurs et feuilles pour le marché pharmaceutique ;

• Des tests de rouissage pour améliorer la fibre ;

• Des essais variétaux pour la production de fibre seule, afin d’améliorer le rendement et la qualité.

On a obtenu des résultats encourageants. Peut-être qu’un jour, une filière locale du chanvre émergera. Le travail se poursuit!

CE QUE J’AI COMPRIS DE TOUT ÇA

Sortir des sentiers battus permet de découvrir plein d’opportunités en bioéconomie. Pour nous, le chanvre a été une porte d’entrée. Pour d’autres, ce sera peut-être la valorisation des résidus agricoles, la transformation de plantes peu connues, la production d’intrants biologiques ou encore l’agrotourisme durable. Les pistes sont nombreuses, et chacune mérite d’être explorée.

La bioéconomie, ce n’est pas une recette unique. C’est repenser notre agriculture en valorisant ce qu’on a déjà, en innovant, en réduisant notre impact sur l’environnement et en assurant de meilleures rentrées financières à long terme.

LA COLLABORATION : LA CLÉ DU SUCCÈS

Soyons honnêtes : développer des projets en bioéconomie, ce n’est pas simple. Ça prend du temps, de l’énergie, des partenaires, des essais... et parfois des échecs. Mais ça permet aussi de se distinguer, de créer de la valeur et de mieux préparer l’avenir.

Pour réussir, on a besoin de travailler ensemble : producteurs, transformateurs, chercheurs, municipalités, gouvernements. Et aussi, de partager nos histoires pour inspirer les autres.

À CEUX QUI SE DEMANDENT PAR OÙ COMMENCER...

Si vous êtes producteur ou entrepreneur agricole et que vous vous demandez par où commencer, je vous dis ceci : regardez ce que vous avez déjà. Vos résidus, vos cultures, vos savoir-faire. Vous avez probablement une matière première qui pourrait être mieux utilisée. Ensuite, entourez-vous. Parlez-en. Voyez ce qui se fait autour de chez vous ou même ailleurs au Québec.

Et surtout, osez essayer.

La bioéconomie, c’est un effort collectif. Sur un territoire riche en ressources et en créativité, je suis sûr qu’on peut en faire une force pour notre agriculture.

À bientôt sur le terrain!

 

Pour en savoir plus sur la bioéconomie, cliquez ici!

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