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Il y a 40 ans... Robert Lachance

Le 22 juillet 2022 — Modifié à 11 h 23 min le 22 juillet 2022
Par Mélyna Girard

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Robert Lachance, le nouveau monarque du Piékouagami : C’est ce que titrait en grosses lettres, le journal Le Quotidien, il y a 40 ans. Vous rappelez-vous ce que vous avez fait le 25 juillet 1982? Il y a fort à parier que non. Il n’y a aucun doute que Robert Lachance, pour sa part, se souvient de cette journée dans les moindres détails. Cette journée-là, il avait remporté la 28e Traversée internationale du lac Saint-Jean à la nage et mis fin à une disette de 22 ans des nageurs canadiens.

Cette journée s’annonçait moche avec un ciel nuageux accompagné d’averses et de rafales. Seulement quelques heures après leur départ de Péribonka, deux des favoris, Paul Asmuth et Doug Northway, ont dû se retirer, incapables de résister aux eaux froides et aux fortes vagues du

Piékouagami.

Dès qu’Asmuth a quitté le lac, Lachance savait que la chance lui souriait. D’autant plus qu’un peu après l’heure du midi, le vent avait diminué et le ciel s’était dégagé graduellement pour faire place à un chaud soleil. À ce moment, son principal adversaire, Claudio Plit va bien. Robert Lachance, alors dans son sillon, est déterminé à prendre la tête.

Plit, étonné et heureux à la fois d’avoir vu Asmuth écarté de la compétition, fut d’avantage surpris par la tournure des événements. Il ne croyait pas que le jeune nageur de 24 ans de Sainte-Foy (Québec) parviendrait à le doubler au milieu du lac, prendre la tête et lui ravir sa couronne remportée un an plus tôt.

ENFIN, UN AUTRE QUÉBÉCOIS

Robert Lachance a écrit une nouvelle page d’histoire par la conquête du Piékouagami à l’issue de 8 h 14 min d’inlassables efforts battant du même coup le chrono record de 1960 du Montréalais Régent Lacoursière. C’est par plus de neuf minutes que le Fidéen a devancé son rival, Claudio Plit, au moment où il a touché la plaque d’arrivée au quai de Roberval.

Lachance se souvient qu’il n’arrêtait pas de dire que ça ne se pouvait pas. Et le « Vive le Québec câli… » débordant de ferveur nationaliste lancée par Martin Bédard, l’initiateur de la Traversée, visiblement ému par cette spectaculaire victoire résonne encore au plus profond de son âme.

LACHANCE, L’EXCEPTION

Comment peut-on expliquer qu’il ait pu vaincre cette mer intérieure aux eaux froides? Selon ce que l’on peut apprendre par les journaux de l’époque, la 28e édition de la Traversée a été marquée par la défaite des « maigres » au profit de nageurs plus costauds. Les « maigres », ce sont tous les nageurs dont le faible taux de graisse ne les protège pas suffisamment contre l’eau froide du lac Saint-Jean.

Or, Robert Lachance est possiblement l’exception qui a confirmé la règle. Pour pallier à son maigre 10 % de graisse, on lui avait fait suivre une diète spéciale. Privé de sucre pendant quatre jours, on lui avait fait bouffer par la suite du glucose, du miel, des confitures au cours des quatre autres jours avant son plongeon dans les eaux à Péribonka.

Légende de journalistes ou de gérants d’estrade? Quoi qu’il en soit, les « gros » devaient selon cette logique être plus en forme que les « maigres ». Mais on avait oublié Lachance, un « maigre sucré » ! Ce non-favori ne pouvait que surprendre.

Plus sérieusement, il avouait le lendemain de sa victoire que n’étant pas parmi les favoris, il n’avait aucune pression sur les épaules. Même s’il s’était entraîné très fort sous la tutelle de Gilles Potvin, il ne croyait pas remporter cette épreuve en 1982. Sans aucunement enlever de valeur à ses adversaires, selon Edgar Théoret, directeur général de la Fédération de natation du Québec à l’époque, Robert Lachance a toujours été un athlète motivé, très en forme et nanti d’une excellente force de caractère.

Lachance a avoué que les résultats de ses examens médicaux au cours de la semaine au chapitre de sa condition physique lui ont insufflé une confiance nouvelle à l’aube de cette mémorable journée de juillet 1982.

UN NOUVEAU SOUFFLE À LA TRAVERSÉE

Des organisateurs de cette 28e Traversée satisfaits, une foule enthousiaste ; la victoire de l’athlète a donné sans contredit un nouveau souffle à ce rendez-vous estival robervalois. Le succès remporté par Robert Lachance constituait également une grande victoire pour la natation du Québec rejaillissant sur l’ensemble des nageurs québécois. Son exploit a ouvert les yeux à bien du monde de la natation. Les nageurs du Québec ont découvert qu’une nouvelle ère commençait dans les marathons de nage.

Très fier de sa carrière, Robert Lachance a traversé le lac Saint-Jean à six reprises. Il a terminé 12e et quatrième avec le statut d’amateur et premier et troisième chez les pros. En 2004, lors de la 50e édition et à titre de nageur invité, il a refait le trajet Péribonka-Roberval en 8 h 51 min, et ce à 46 ans! Il a été intronisé au Temple de la Renommée de la natation québécoise en octobre 2015.

ROBERT LACHANCE, AUJOURD’HUI

Il est le seul garçon d’une famille de quatre enfants issus de l’union de René Lachance et de Rose-Alma Rousseau (1933‑2017). Ce sympathique nageur est marié à Martine LeRoux et il est le père de deux enfants : Karine et Alexandre. Depuis juillet 2013, Robert est directeur général associé du Cercle Kaizen, une organisation axée sur le réseautage de gens d’affaires.

En juillet 2012, un journaliste du quotidien Le Soleil lui a demandé s’il célébrera le 35e de sa victoire mémorable. Et lui, de répondre : « Pour moi, il y a des chiffres magiques comme 10, 20, 25... Mais pas 35. Je vais penser à ma victoire, mais je ne la soulignerai pas de manière spéciale. Je vais probablement dire à ma femme : Martine, tu sais, il y a 35 ans… ». Mais cet été Robert, diras-tu : « Martine, tu sais, il y a 40 ans… Allons fêter ça en grand à Roberval? »

Pour en savoir plus sur la 68e édition de la Traversée internationale du lac Saint-Jean, consultez notre cahier spécial.

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