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La Moisson d'or plus de 20 ans dans le décor

Louis Potvin
Le 20 décembre 2019 — Modifié à 09 h 48 min le 20 décembre 2019
Par Louis Potvin - Rédacteur en chef

Il faisait froid ce matin-là, très froid même. Il a suffi de humer l’odeur du bon pain frais en entrant dans la boulangerie artisanale La Moisson d’or, sur le boulevard Sacré-Cœur, pour  redonner un sens à cette journée, l’énergie pour partir du bon pied.

Claudette Dallaire s’y connait en matière de bon pain. Cette boulangerie fait partie du décor au centre-ville de Saint-Félicien, depuis 1998. C’est en 2000, une façon comme une autre de célébrer le nouveau millénaire, que Claudette Dallaire fait l’acquisition de ce joyau.

Cuisinière familiale d’expérience, la nouvelle propriétaire apprend à la dure avec son nouveau métier, mais grâce à sa passion et à sa persévérance, elle acquiert rapidement les trucs et développe même ses propres recettes, qui font tant la renommée de cette boulangerie artisanale.

« Je savais déjà avant d’acheter la boulangerie, qu’il s’y faisait d’excellents produits. Je voyais aussi tout son potentiel. C’est avec cette vision que j’ai décidé d’ajouter d’autres recettes, d’autres produits locaux et régionaux ».

Claudette Dallaire commence sa journée très tôt le matin, vers 4h15. Il faut être prêt à offrir ses produits à la clientèle, ce qu’il y a de plus frais. (Photo Trium Médias – Denis Hudon)

C’est ainsi que la Moisson d’or perpétue la tradition de qualité de ses produits et y a ajouté des fruits, des légumes, des fromages d’ici, du saumon fumé de la Boucanerie d’Henri, des pizzas, des pains sous-marins, des pains hot dog, des desserts, tous fabriqués à la boulangerie.

« C’était pour moi un défi personnel et mon gagne-pain. Au fil des ans, j’ai gagné de nouveaux clients qui sont devenus eux aussi des fidèles à mon commerce », dit Claudette Dallaire, qui réussit non seulement à survivre, mais à vivre de son métier, avec une toute petite équipe de cinq personnes, dont trois à temps complet.

Du cœur au ventre

La prolifération des comptoirs à pains et de départements en boulangerie dans les supermarchés, notamment, n’a pas brimé le petit commerce artisanal.

Croissants, danoises, brioches, muffins et biscuits s’ajoutent au pain carré nature, carré tournesol, carré multigrains, carré sésame, miche, belge, baguette et plus encore. (Photo Trium Médias – Denis Hudon)

« C’est justement parce que nos produits sont faits à la main, sans sucre, sans gras, sans agent de conservation. La fabrication artisanale, les saveurs et la fraîcheur de nos produits, c’est ce que recherche avant tout notre clientèle ».

L’avenir appartient à celles et ceux qui se lèvent tôt! Parlez-en à la propriétaire. Sa journée commence à 4h15 le matin. C’est encore la nuit dehors. Allumage des fours, préparation des recettes, mélange des pâtes, moulage, cuisson, etc. Et il faut répondre aux clients qui entrent dans la boutique. Petite pause vers midi, comptabilité l’après-midi.

« Après une grosse journée, on se couche tôt. Il faut vraiment ne pas tomber malade. Ça prend du cœur au ventre pour faire, mais bien faire ce métier-là », répète la propriétaire.

Annie Lamontagne prépare ici les croissants, qui font le bonheur de la clientèle. (Photo Trium Médias – Denis Hudon)

Tout peut basculer tellement vite

La petite boulangerie  artisanale du boulevard Sacré-Coeur est en bonne santé. Les affaires à La Moisson d’or vont bien, mais il suffirait qu’un employé quitte, tombe malade et la boutique est en péril.

La pénurie de main-d’œuvre est vraiment une réalité. Comme pour bien des PME, il suffit d’un tout petit grain de sable dans l’engrenage et on se retrouve sur un fil de fer.

« Mes enfants sont tous à l’extérieur. Ils sont fiers du travail que je fais, de mes produits. Quand ils viennent se ressourcer à la maison, ils font provision de mes produits avant de repartir. Ils savent tout le travail que ça représente », raconte Claudette Dallaire.

La propriétaire ne peut donc pas espérer une relève familiale. La retraite est encore loin, mais il faudra bien un jour trouver quelqu’un à qui passer le flambeau.

Pour le présent, c’est toujours la question de la main-d’œuvre qui tient Claudette Dallaire sur le qui-vive.

Fragile équilibre

« Jusqu’à maintenant, j’ai toujours réussi à combler des postes ou des heures. Mais c’est très fragile. La plupart des jeunes trouvent le métier trop dur. Des boulangers d’expérience, pas facile non plus de les recruter. Et quand on a déniché ce que l’on croit être la perle rare, juste au moment où tout roule parfaitement, c’est souvent là qu’on perd un employé. »

Pas facile non plus de former une personne, ne sachant pas si elle va demeurer. On ne peut pas continuellement s’inquiéter, il faut faire confiance à la vie. Jusqu’à maintenant, on s’en est bien sorti ».

Heureusement, la clientèle, elle, est fidèle au poste. L’été, les touristes sont nombreux à s’arrêter à la boutique. C’est quand même la clientèle locale, celle de Saint-Félicien et des environs, qui permettent à La Moisson d’or d’être aussi florissante.

Et à trois ou quatre jours de Noël, c’est la folie furieuse. La propriétaire et son équipe doivent faire des miracles avec la multiplication des pains afin de répondre à la forte demande.

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