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La région, 1 %: Rio Tinto, 82 %

Le 25 août 2016 — Modifié à 00 h 00 min le 25 août 2016
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HYDROÉLECTRICITÉ. L’industrie de l’aluminium au Saguenay—Lac-Saint-Jean, contrôlée à 100 % par Rio Tinto, produit 82 % de toute la puissance hydroélectrique de la région alors que la filière hydroélectrique régionale représente à peine 1 % de l'ensemble de cette production. Cette réalité se retrouvera inévitablement au cœur des discussions dans le cadre du forum intitulé « Composantes du pacte social de l'aluminium » qui se déroulera à l'UQAC, ce vendredi 2 septembre.

L'avenir de Rio Tinto Aluminium dans la région soulève de nombreuses questions. Les attentes sont hautes de leur part avant de poursuivre leurs investissements au Saguenay—Lac-Saint-Jean tout comme le sont celles des décideurs régionaux.

Notamment, les questions de la propriété des ressources naturelles et tout le débat entourant les berges du lac Saint-Jean et la gestion de son niveau seront ciblées dans le cadre de ces discussions visant à mieux comprendre les grands enjeux de la région.

Les acteurs socioéconomiques convoqués à ce forum sont invités à prendre connaissance des différents documents déposés sur le site du Forum, dont celui intitulé « La gestion des berges du lac Saint-Jean: Enjeu stratégique II », rédigé par Raphaëlle Blais, du Centre de recherche sur le développement territorial à l'UQAC.

Au moment où le Bureau d'audiences publiques en environnement amorce le processus pour le renouvellement du décret du programme de stabilisation des berges du lac Saint-Jean, ce document met en lumière tout le gouffre existant dans la région entre les grandes entreprises qui exploitent nos ressources naturelles et le simple citoyen qui réclame des changements dans la façon de faire les choses.

Un contrôle presque total

Au fil des ans, deux industries ont grossi et poursuivi l’exploitation du bassin hydrographique dans le but de produire de l’électricité, soit l'industrie papetière et l'aluminium.

Aujourd’hui, on dénombre 23 centrales hydroélectriques qui produisent 3400 MW, ce qui représente 10 % de la capacité hydroélectrique du Québec.

Les entreprises dites autoconsommatrices ont été exclues de la vague de nationalisation de l’électricité durant la décennie 1960 et leurs infrastructures de production alimentent leurs propres usines. Au Saguenay—Lac-Saint-Jean, le secteur forestier exploite huit centrales totalisant une production de 176,1 MW. L’ensemble des centrales est détenu par Produits forestiers Résolu.

Le secteur de l’aluminium, représenté par Rio Tinto est sans conteste le plus gros joueur de la région en ce qui a trait à la production hydroélectrique. L’entreprise détient six centrales qui totalisent une puissance de 2940,9 MW.

On peut donc dire que le bassin hydrographique du Saguenay-Lac-Saint-Jean s’est transformé au cours du vingtième siècle en un important bassin hydroélectrique dominé à 89% par les entreprises autoconsommatrices et, par l’industrie de l’aluminium contrôlé par Rio Tinto qui produit 82% de toute la puissance hydroélectrique de la région.

« Tout bien considéré, la gestion des berges du bassin hydrographique du lac Saint-Jean est fondamentale pour le développement de la région. Lorsque l’on réalise que neuf joueurs se partagent vingt-trois centrales hydroélectriques sur le territoire, que RT possède à lui seul 82% de toute la capacité hydroélectrique de la région et que des milliers de personnes sont directement touchées par cet enjeu, on comprend à quel point l’obtention d’une vision commune est complexe, mais essentielle », souligne Raphaëlle Blais dans son document de travail.

Face à ce géant, on retrouve le Comité des parties prenantes qui regroupe l’ensemble des organismes touchés par la question de la gestion des berges. Cette unité représente une force régionale non négligeable et encourage le changement.

Le renouvellement du PSBLSJ et le BAPE prévu en 2016 offre la fenêtre d’opportunité dont la région a besoin pour recentrer la filière hydroélectrique avec les besoins du milieu.

Cependant, il sera difficile pour les instances régionales de contrôler la filière puisqu’elles ne contrôlent qu’un seul pour cent de l’ensemble de la production hydroélectrique régionale.

Le fait que le niveau de l’eau du lac Saint-Jean impacte directement les revenus de Rio Tinto corse encore plus les débats. En arrière-plan, le problème de l’érosion, que l'on tente de contrôler par le PSBLSJ, reste toujours présent.—F.P.

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