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Ces anges gardiens de l’ombre

Louis Potvin
Le 15 mars 2019 — Modifié à 14 h 20 min le 15 mars 2019
Par Louis Potvin - Rédacteur en chef

 

Ils sont presque invisibles. Pourtant, leurs interventions sont essentielles pour soutenir les plus démunis de notre territoire. De véritables anges gardiens, ces intervenants du Service d’intervention de proximité de la MRC du Domaine-du-Roy.

Dany, Vincent et Vanessa sillonnent les rues de Roberval, Saint-Félicien et des autres localités de la MRC pour aider les gens aux prises avec diverses problématiques; santé mentale, toxicomanie, pauvreté et maltraitance.

Ils se retrouvent aussi dans les corridors de la prison, dans les maisons de jeunes et dans les résidences pour aînés.

« Nous sommes souvent le dernier rempart de service. Ce sont des gens marginalisés qui n’ont pas accès à des services. On ne juge pas les personnes, on les prend comme elles sont et on tente de leur faire prendre les bons choix pour éviter qu’elles ne se retrouvent dans le trouble, réduire les méfaits et se prennent en main », explique Dany Paré.

 

Dany Paré est intervenant depuis plusieurs années et ne ménage pas les efforts pour aider les gens à s’en sortir. (Photo Trium Médias – Louis Potvin)

 

Petits miracles

Ce service de première ligne réalise de petits miracles à longueur d’année et contribue à remettre des gens sur le droit chemin.

« On n’est pas là pour sauver le monde, on se contente de petites victoires! Comme ils n’ont plus confiance en personne et souvent envers le système, il faut créer un climat de confiance. On est comme une lumière, un lampadaire, afin de les aider dans leurs choix. »

Preuve qu’il y a des gens qui s’en sortent, l’équipe a raconté ce qu’elle venait d’accomplir dans la journée pour une personne qui revenait de loin.

« On l’a aidée à déménager aujourd’hui. Elle n’avait personne pour l’aider. Qui va le faire si ce n’est pas nous? La personne s’est reprise en main, a vécu dans notre logement transitoire et a démontré qu’elle était prête à vivre seule dans un logement. Elle s’est amassée de l’argent pour s’acheter des meubles. C’est une belle réussite. »

C’est leur paye de voir des gens qui s’en sortent. Certains peuvent trébucher plusieurs fois avant de réussir.

 

Vanessa Minier-Simard travaille aussi auprès des ados, notamment concernant le consentement sexuel et la sensibilisation sur la toxicomanie, la violence et le taxage. (Photo Trium Médias – Louis Potvin)

 

« Ça démontre que ce sont les gens qui décident, pas pour nous, mais pour eux. Nous, on les aide à faire leurs choix et à trouver les services dont ils ont besoin. Ou bien essayer de les sortir de leur milieu pour ne pas qu’ils rechutent », expose pour sa part Vanessa Minier-Simard.

Santé mentale

Selon les statistiques du Service d’intervention de proximité, 37 % de la clientèle souffre d’une problématique en santé mentale.

« C’est probablement plus que ça. Les gens ont de multiples problématiques. Pour certains, ce sont des problèmes de santé mentale qui les ont poussés vers la consommation. D’autres, c’est la consommation qui a peut-être <@Ri>réveillé<@$p> un problème de santé mentale. Il y en a qui ont eu des enfances très difficiles. On essaie de mieux comprendre et surtout de ne pas juger », expose le coordonnateur, Pascal Mailloux.

 

Il manque de place pour héberger les itinérants. (Photo Pixabay)

 

Prostititution, itinérance et drogue dure

Prostitution, itinérance, drogue dure, maltraitance envers les aînés. Bien que pas apparentes, bien présentes sur le territoire.

« Ce n’est pas parce qu’on ne le voit pas que ça n’existe pas. Ce n’est pas juste dans les grandes villes qu’on retrouve ces problèmes. Nos intervenants côtoient cette réalité toutes les semaines », mentionne Pascal Mailloux, le coordonnateur de Service d’intervention de proximité.

Pour ce qui est de la prostitution, elle existe, mais sous la forme de subsistance.

« Ce n’est pas organisé, ce ne sont pas des réseaux. Ce sont des personnes qui le font pour se nourrir ou pour payer le loyer. C’est une des solutions qu’ils trouvent au lieu de commettre d’autres méfaits. Tout est une question de choix quand tu n’as pas d’argent. »

Itinérance

Sur le territoire, on retrouve aussi de l’itinérance. Elle n’est pas visible, mais présente.

« Comme il n’y a pas de maison pour itinérants et qu’il y a un seul lit de disponible sur le territoire, on se retrouve avec des personnes sans domiciles fixes. Il y a un manque de maison de chambres ici à Roberval. Des fois, il faut leur trouver une place à Chicoutimi. Il y a un manque à ce niveau », expose Dany Paré.

Certains vont jusqu’à commettre des crimes pour pouvoir coucher en prison, au chaud, l’hiver.

Opiacé

La crise des opiacés touche aussi le secteur. L’équipe d’intervention remet des seringues et donne des conseils pour que les personnes s’injectent leur drogue en toute sécurité. Ils peuvent aussi administrer de la naloxone (un antidote) dans les cas de surdose.

« On n’est pas là pour les faire arrêter demain matin. Les gens qui ont besoin de se shooter, il faut leur faire prendre conscience des dangers de prendre des aiguilles souillées, les risques de maladie et de surdose. On fait de la prévention. On se rend dans les maisons visiter les gens, car plusieurs sont très isolés. Ça ne se voit pas qu’ils se shootent. »

 

@BV:Vincent Harvey travaille principalement auprès des aînés pour essayer de repérer ceux qui se retrouvent dans un état de vulnérabilité. (Photo Trium Médias – Louis Potvin)

 

Soutenir les aînés maltraités

La maltraitance envers les aînés existe sur le territoire, c’est pour cette raison qu’une partie du travail des intervenants touche les 55 ans et plus.

« C’est encore un sujet tabou. Oui, ça existe. Moi, je fais du repérage de la maltraitance dans les résidences et dans les centres d’achat. Je commence par entrer en contact avec les gens pour ensuite les mener à en parler s’ils sont victimes », expose Vincent Harvey.

Selon ce dernier, environ 15 % des 55 ans et plus sur le territoire de la MRC subissent de la maltraitance. Elle est soit psychologique, financière et/ou physique.

« Il y a même de l’intimidation entre personnes âgées dans les résidences. Les comportements sont les mêmes que dans la société. Par contre, les aînés sont beaucoup plus vulnérables. Il y a beaucoup de prévention à faire pour rendre les gens plus en sécurité. »

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