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Le travail comme source de valorisation

Louis Potvin
Le 29 novembre 2019 — Modifié à 13 h 32 min le 29 novembre 2019
Par Louis Potvin - Rédacteur en chef

Ils ont à peu près tous le sourire accroché aux lèves. Ils se sentent valorisés. Ils aiment ce qu’ils font. Ces personnes attachantes vivant avec une déficience intellectuelle s’accomplissent à fabriquer des piquets et des balises en bois ou encore à compter et ensacher des paquets de vis à l’Atelier de l’aéroport, situé à Roberval.

Une visite des lieux permet rapidement de saisir tout le bien que procure ce travail à ces gens. Pour certains, il s’agit d’un tremplin qui pourrait le mener à décrocher un véritable emploi.

« Nous en avons quelques-uns par année qui se trouvent un emploi dans une entreprise ou à la Chaine de travail adapté. Nous les accompagnons dans leur progression pour qu’ils développent des aptitudes et attitudes au travail », explique Serge Coulombe, spécialiste en activité clinique.

Fierté

Pour Denis Potvin, il s’agit d’une belle manière de se réaliser.

 

Ce n’est pas leur déficience intellectuelle qui les empêche de bien travailler. Au contraire.(Photo Trium Médias – Louis Potvin)

 

« J’aime ça, ça me permet de sortir de la maison et de m’occuper. Je rencontre des gens, je socialise. Et ça m’a permis aussi de mieux communiquer et d’être plus de bonne humeur », confie-t-il.

Son travail consiste à peinturer des piquets. D’autres installent des réflecteurs, coupent le bois ou taillent les pointes.

Le directeur de l’Atelier, Richard Fortin, constate que l’état d’esprit des gens s’améliore en s’occupant et en étant dédié à leurs tâches.

« Évidemment, il y a de la supervision à avoir. Comme la fabrication implique l’utilisation d’outils, il faut s’assurer que chaque personne est prête à passer à une autre étape. Comme c’est un travail à la chaine, ça leur permet de prendre conscience de l’importance de bien faire leur travail. »

 

Denis Potvin se réjouit de pouvoir, chaque matin, travailler à l’Atelier de l’aéroport.(Photo Trium Médias – Louis Potvin)

 

Concentrées sur leurs tâches, les personnes sont fières de partager leur accomplissement avec le journaliste de l’Étoile du Lac.

« Moi j’adore travailler ici et quand je vois des piquets dans les cours ou dans les champs, je sais que c’est nous qui les avons faits et ça me réjouit », lance Michel, le sourire fendu jusqu’aux oreilles.

Beaucoup de ventes

Les produits fabriqués ne servent pas qu’à faire travailler les gens. Ils sont très populaires. 125 000 piquets et 35 000 balises ont été vendus l’an dernier partout à travers la province.

Ils servent pour les sentiers de motoneige, pour les déneigeurs ou les arpenteurs.

« C’est ça la force du programme, ils voient que ce qu’ils fabriquent est utilisé et c’est très valorisant pour eux», souligne Serge Coulombe.

Ils sont en moyenne une vingtaine à se présenter chaque jour à l’Atelier. La moitié d’entre eux se retrouve du côté de la menuiserie.

 

La production de 125 000 piquets et 35 000 balises s’écoule facilement. (Photo Trium Médias – Louis Potvin)

 

 

Des actifs pour la société

C’est en intégrant et valorisant les gens avec des déficiences qu’ils deviennent un actif pour la société.

Bien que les intervenants doivent se montrer patients, les centres de réadaptation démontrent qu’il est possible de donner les outils à ces personnes pour qu’ils s’accomplissent par le travail. Et de plus en plus d’employeurs embauchent ces personnes malgré leur limitation.

« Il y a encore des choses à démystifier, mais on sent une meilleure écoute des employeurs. Dans le contexte de rareté de la main-d’œuvre, ces personnes peuvent devenir une solution. Ce sont des gens très attentionnés et mobilisés. Il faut leur faire confiance et leur donner leur chance », expose Nathalie Clavette, directrice adjointe du programme de déficience intellectuelle.

Évidemment, l’équipe du CIUSSS s’assure que la personne est vraiment prête à se retrouver sur le marché du travail. Aussi, elle accompagne les employeurs en offrant de l’encadrement et les outils pour diriger ces personnes.

 

Bien concentrés sur leurs tâches, ces personnes comptent et ensachent des vis pour des quincailleries. (Photo Trium Médias – Louis Potvin)

 

CTA

@R:La Chaine de travail adapté (CTA) est un exemple concret que ça fonctionne. L’organisme donne de l’emploi à plus de 150 personnes ayant des handicaps divers. Ils travaillent en conciergerie, en ébénisterie, en entretien ménager, en buanderie ou autre.

« Ce sont des gens merveilleux qui sont ponctuels, fiers et qui se présentent bien. Ils ont les habiletés nécessaires et sont très travaillants. C’est valorisant pour eux et pour nous de les avoir », souligne le directeur général du CTA, Bernard Angers.

Patience

Ceux qui ont de plus grandes limitations débutent avec des tâches plus simples comme de compter, peser et ensacher des vis pour des quincailleries du coin. Certains ensachent des ustensiles en plastique pour les épiceries.

« Ça peut paraitre simple, mais ça prend de la concentration. Nous avons des gabarits pour les aider. On fait beaucoup d’ensachage par année et ça rend service à ces entreprises », signale Richard Fortin, le directeur de l’Atelier.

En effet, les personnes présentes portaient une attention soutenue à leur travail, prenait quelques instants pour lever la tête et sourire pour une prise de photo.

 

Kim Girard est très habile de ses mains. Elle découpe du tissu pour fabriquer des linges de travail. (Photo Trium Médias – Louis Potvin)

 

Kim Girard de Saint-Félicien fait du découpage de tissus malgré qu’elle soit non-voyante. Ils servent à fabriquer des linges pour les garages.

« Ça fait 5 ans que je viens ici et ça me permet de travailler de mes mains. C’est valorisant et je me sens utile. J’aime m’occuper et l’ambiance ici est agréable. Je fais aussi du tricot et des breloques à la maison. »

Les copies de l’Étoile du Lac et les circulaires sont ensachées dans le Publisac par ces personnes. Ils devraient avoir une belle surprise cette semaine quand ils vont se voir sur la première page.

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