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La Fournée: donner au suivant

Louis Potvin
Le 09 octobre 2020 — Modifié à 07 h 34 min le 09 octobre 2020
Par Louis Potvin - Rédacteur en chef

Derrière les comptoirs de La Fournée de Saint-Félicien se cache un modèle d’économie sociale qui permet la réinsertion à l’emploi de plusieurs personnes et qui remet plus de 20 000 $ par année dans la collectivité.

« Les gens pensent que nous sommes une entreprise. Ils ne savent pas vraiment tout ce que l’on fait dans la communauté. Nous sommes vraiment un organisme sans but lucratif, mais qui est géré comme une entreprise. »

Ces paroles de la directrice générale Sylvie Dallaire mettent en perspective tout le volet social de ce service de traiteurs et de mets préparés qui a fait sa renommée depuis près de 15 ans.

Dans la cuisine, la majorité des 34 employés qui préparent les pâtés au poulet, sauces à spaghetti, galettes et autre mets, se sont retrouvés dans un processus de réinsertion au travail.

« Je dirais que 9 personnes sur 10 réussissent et restent avec nous un bon bout de temps. S’ils quittent, c’est pour un autre emploi ou pour un retour aux études. »

 

Ce sont les ventes au comptoir qui permettent de dégager des profits qui sont ensuite remis en dons en argent ou nourriture aux plus démunis.(Photo Trium Médias – Louis Potvin)

 

Le secret : le savoir-être, valoriser le travail bien fait et l’humanité de chaque personne.

Croissance

Avec en main du personnel de qualité, la Fournée connait une croissance constante et diversifie ses activités.

« Nous avons une grosse cuisine et nous devons nous assurer qu’elle fonctionne à pleine capacité. Nous avons développé des méthodes de travail optimales. »

Et les chiffres parlent d’eux-mêmes, la Fournée peut écouler 800 tourtières et pâtés au poulet par semaine. Et c’est sans compter les tartes, sauces et pâtisseries. C’est entre 300 à 400 livres de viande à tourtière qui sont utilisées chaque semaine.

« On prépare également tous les repas de la popote roulante en plus de préparer les diners pour environ 150 travailleurs à la cafétéria de l’usine de pâte de Résolu. »

Ce nombre a déjà monté à 600 lors des arrêts planifiés de maintenance.

À cela, il faut ajouter la préparation de repas pour des banquets ou des funérailles.

 

Le volet réinsertion au travail de la Fournée est très peu connu.(Photo Trium Médias – Louis Potvin)

 

Redonner

La structure de la Fournée permet de redonner au suivant. Pendant toute l’année, des repas ou des mets préparés sont remis aux plus démunis.

« On reçoit aussi des téléphones pour des besoins particuliers. Pendant la pandémie, on a préparé des boîtes que nous sommes allés laisser sur le perron des portes des familles que nous savons qu’ils ont besoin. »

Au cours d’une année, c’est entre 20 000 $ et 25 000 $ qui sont remis en dons ou en nourriture.

« C’est notre clientèle fidèle qui achète chaque semaine qui nous permet de dégager des surplus et rend possible de donner de la nourriture aux plus démunis. »

 

Les cuisines de la Fournée grouillent de cuisiniers qui mitonnent plus de 300 repas par jours et des centaines de pâtés et autres mets préparés. (Photo Trium Médias – Louis Potvin)

 

Des projets plein la tête

La Fournée en a parcouru du chemin en 15 ans. Et la direction travaille sur quelques projets porteurs pour l’avenir.

« On a plein de projets. On va commencer à manquer de place si nous les réalisons tous », mentionne la directrice générale, Sylvie Dallaire.

Actuellement, un projet-pilote est en cours pour transformer certains surplus des maraichers du secteur pour en faire différents produits, dont de la jardinière de légumes. Ces produits sont pour l’instant distribués dans les banques alimentaires, mais pourraient devenir des produits en vente au comptoir.

Aussi, un projet de cuisine solidaire a permis de préparer pas moins de 4 000 repas durant la pandémie. La Fournée a entre autres cuisiné en une semaine plus de 600 pâtés chinois.

Un autre projet consiste à la préparation de petits déjeuners et collations pour certaines écoles du territoire où on retrouve des élèves qui ne mangent pas à leur faim.

Cours pour les jeunes

 

Jocelyne Fradette et Marlène Gaumond font partie, avec Pierrette Girard (absente), de l’aventure de la Fournée depuis 2008. (Photo Trium Médias – Louis Potvin)

 

Le projet le plus ambitieux sur la table à dessin est la mise en place d’ateliers de cuisine pour les enfants.

« Il s’agirait d’un plateau de travail pour montrer à cuisiner aux jeunes qui sont en difficultés. De plus, la nourriture préparée servirait comme repas pour leur famille.  Il y a un besoin à ce niveau et nous désirons le combler. »

Sylvie Dallaire indique que la population ne sait pas dans quelle mesure plusieurs familles se retrouvent en précarité alimentaire. Des actions doivent être prises pour éviter le plus possible cette situation.

La COVID est venue amplifier la problématique, notamment avec l’augmentation des coûts pour la viande et certaines denrées.

Parcours cahoteux

La Fournée a vu le jour en 2006 dans la maison du Centre d’action bénévole de la rue Notre-Dame. Pour mieux répondre à la demande, l’organisme a déménagé dans le local actuel situé à l’intersection des boulevards Sacré-Cœur et Saint-Félicien. À l’époque, il y avait 4 employés. Ils sont maintenant 34.

« Il y a eu des problèmes financiers en 2008 et on m’a demandé de tenter de reprendre ça en main puisque j’avais une bonne expérience de la restauration comme propriétaire du restaurant Chez Marcel à Normandin. »

Puis de fil en aiguille, l’entreprise a connu une belle progression avant de frapper un mur lors de la construction du nouveau pont à Saint-Félicien en 2010.

Les ventes ont alors chuté de 50% en raison de la difficulté d’accès au commerce.

« Ça été très difficile, mais heureusement notre clientèle ont continué à nous encourager. On a passé au travers et dès que le pont a été terminé, on a retrouvé nos ventes et poursuivi notre progression. »

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