Certaines municipalités au Saguenay-Lac-Saint-Jean peinent à embaucher ou à obtenir les services d’un urbaniste. Il s’agit d’une situation qui apporte son lot de conséquences, notamment sur le plan du développement urbain ainsi que sur les finances municipales.
« Pendant un an, notre ressource attitrée à l’urbanisme était en arrêt maladie. Ce sont les autres municipalités de la MRC du Fjord-du-Saguenay qui nous dépannaient à raison d’une fois par semaine. Cet épisode a révélé notre fragilité, nous n’avons aucun <@Ri>backup<@$p>. Si notre ressource venait à quitter définitivement, il nous serait impossible de la remplacer », raconte le maire de la municipalité de Sainte-Rose-du-Nord, Claude Riverin, qui indique que sur le marché de l’emploi, il semble que les urbanistes se soient volatilisés.
Selon l’élu, l’urbaniste joue un rôle crucial au bon fonctionnement d’une municipalité. D’ailleurs, en vertu du Code des professions du Québec, les urbanistes sont les seuls pour lesquels l’État québécois reconnait la compétence pour l’application des méthodes d’aménagement et d’utilisation du territoire.
« Cet accès restreint en urbanisme a des conséquences économiques. Nous sommes incapables de délivrer des permis dans des délais corrects. Nous sommes incapables d’envoyer les demandes pour les taxes de bienvenue, cela crée des retards dans les revenus de la municipalité. Cela provoque également de la frustration chez nos citoyens qui doivent patienter pour obtenir les autorisations nécessaires à leurs projets de construction ou de rénovation », souligne-t-il.
Recrutement difficile
Il serait plus difficile de recruter dans les petites municipalités que dans les grandes, selon Claude Riverin.
« Nous n’avons pas les mêmes budgets que les grands centres, mais nous devons dispenser les mêmes services. Impossible pour nous d’embaucher une équipe complète. Donc, en plus de trouver un urbaniste, il faut trouver quelqu’un qui joue à la fois le rôle du junior, de l’intermédiaire et du sénior. Pour résumer, quelqu’un avec une tonne d’expérience », estime-t-il.
Le maire croit que le partage de ressources entre municipalités est une piste de solution. C’est d’ailleurs le cas dans les MRC Maria-Chapdelaine et Lac-Saint-Jean-Est.
Régies intermunicipales
Au Lac-Saint-Jean, les municipalités de Girardville, Saint-Edmond-les-Plaines, Albanel, Normandin et Saint-Thomas-Didyme ont pris les choses en main en se dotant d’une régie intermunicipale.
« Nous avons deux inspecteurs pour délivrer les permis, mais lorsqu’on veut pousser l’aménagement au niveau du périmètre urbain, nous n’avons pas le choix de faire affaire avec des firmes externes d’urbanistes », explique le maire de Normandin, Jean Morency.
Il en va de même pour le secteur nord de la MRC de Lac-Saint-Jean-Est où Saint-Ludger-de-Milot, Saint-Monique, Saint-Henri-de-Taillon, l’Ascension-de-Notre-Seigneur, Lamarche et Saint-Nazaire ont également mis sur pied une régie. Trois techniciens ont été embauchés.
« C’est problématique dans le sens que pour l’application des règlements, les techniciens peuvent faire le travail. Toutefois, dès qu’il s’agit de modifier des règlements municipaux ou de les mettre à jour, ça prend un vrai urbaniste », relate Louis Ouellet, préfet de la MRC et maire de L’Ascension.
Il ajoute : « Par le passé, il y a eu des pratiques qui se sont faites et qui ne faisaient aucun sens. Maintenant, en formant une équipe, dont les membres interagissent entre eux dans une régie, ça va facilite les choses et surtout, ça va permettre de standardiser les pratiques. »