Samedi, 27 juillet 2024

Chroniques

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L'aveuglement

Louis Potvin
Le 26 juillet 2023 — Modifié à 13 h 36 min le 26 juillet 2023
Par Louis Potvin - Rédacteur en chef

Jasette de la gazette

L’arbre qui cache la forêt est de plus en plus chétif. Même qu’il est en train de bruler. Impossible de se fermer les yeux. La forêt du dérèglement climatique et de l’explosion des catastrophes naturelles nous saute en plein visage. Nous n’avons plus de luxe de l’ignorer, tant nous avons les deux pieds dedans, surtout en cette année 2023.

Les exemples sont tellement nombreux qu’on a presque tendance à les oublier. On semble s’habituer. Et surtout si ça se passe loin de chez nous.

C’est lorsque des feux qui grugent des centaines de milliers d’hectares de forêt nous touchent directement que là, nous prenons conscience de la problématique et des inconvénients.

Je mesure l’ampleur de la situation quand le smog opaque m’empêche de voir de l’autre côté de la rivière ou de sentir cette boucane qui enveloppe d’un voile apocalyptique le paysage. Ce n’est pas le moment d’aller faire du sport à l’extérieur. C’est un peu surréaliste de tondre la pelouse avec un masque.

Quelques jours plus tard, c’est une partie d’une route à Rivière-Éternité qui s’engouffre dans une rivière par le torrent causé par une pluie diluvienne. Deux morts.

L’an passé, un homme meurt dans des circonstances similaires en raison d’un ponceau qui cède dans un petit cours d’eau à Alma.

Les situations historiques se multiplient tout comme les études qui sonnent l’alarme. Ces études invitent les gouvernements, les villes et les entreprises à se préparer à prévoir le pire. Un conseil que n’a pas semblé être en mesure d’adopter Rio Tinto au cours des deux dernières dans sa gestion du réservoir qu’est le lac Saint-Jean. Chaque fois, on a parlé d’un apport en eau historique ou de faible ruissèlement historique pour expliquer que le lac déborde ou est trop bas… Pourtant, facile de constater que les situations climatiques « historiques » se répètent plus régulièrement.

Ce sont nos municipalités qui devront composer aussi avec cette préparation pour faire face aux inondations, feux, chaleurs et autres. La facture s’annonce salée, très salée. Et au bout du compte, qui payera? Nous tous, par l’entremise des taxes et impôts.

Selon une étude commandée par l’Union des municipalités du Québec (UMQ), il en coûtera 2 milliards de plus par année pour composer avec les catastrophes naturelles. Pour la région, ça représente 495 $ par citoyen par année…

« Ces chocs financiers se multiplieront et s’amplifieront, puisque les inondations automnales seront plus nombreuses et que les dommages causés par les submersions côtières s’aggraveront. Bien qu’ils ne puissent être chiffrés à l’heure actuelle, les coûts associés aux autres événements climatiques extrêmes (vagues de chaleur, érosion, feux de forêt, etc.) s’ajoutent à ceux des inondations et des submersions », peut-on y lire.

Drôlement encourageant. D’autant plus qu’un 1,8 million de résidences au Canada sont vulnérables aux inondations.

Ça ne s’arrête pas là, selon une étude de l’Institut climatique du Canada, de 2010 à 2019, le coût des pertes liées aux conditions météorologiques a été deux fois plus élevé que les années 1983  à 2009  réunis. « Au cours de la dernière décennie, le coût moyen des catastrophes liées au climat et des pertes catastrophiques chaque année a augmenté pour atteindre l’équivalent de 5 à 6 % de la croissance annuelle du PIB », explique-t-on.

Et je pourrais poursuivre avec d’autres statiques, notamment sur l’effet des changements climatiques sur la santé de la population, mais je suis trop découragé.

Alors, j’espère, en paraphrasant le Capitaine Bonhomme, que les climatosceptiques seront confondus dus dus dus.

Et au-delà du scepticisme, c’est collectivement que nous devons trouver des solutions pour atténuer cette accélération inquiétante de cataclysmes qui guette notre planète.

On ne peut plus se permettre cet aveuglement volontaire collectif.


Chaque semaine, un membre de l’équipe de Trium Médias prend parole sur un sujet de son choix, c’est La Jasette de la gazette.

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