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50 ans les mains dans l’huile

Louis Potvin
Le 06 novembre 2020 — Modifié à 12 h 14 min le 06 novembre 2020
Par Louis Potvin - Rédacteur en chef

Christian Germain a presque de l’huile qui lui coule dans les veines. Après 50 ans de loyaux services, il a changé ses derniers pneus il y a quelques jours, mettant un terme à 64 ans à une carrière au Centre de l’auto Germain et fils, axée sur le service à la clientèle.

« Ce garage, c’est toute ma vie! Et de côtoyer les clients au cours de toutes ces années m’a enrichi. J’arrête, mais je vais continuer à venir au garage pour jaser avec le monde », lance-t-il, bien assis dans l’entrepôt à travers les pintes d’huile et les guenilles.

Son attirance pour les voitures a commencé tout jeune. Vivant en face du garage chez Colo (Centre l’auto B. Girard), il traine dans la cour dès l’âge de 10 ans.

« J’ai appris à faire du vélo dans la cour du garage puis j’ai appris à conduire aussi dans la cour. Monsieur Girard m’a donné de petites jobines comme de balayer la cour, laver les autos, puis faire le plein. »

Christian s’est lié d’amitié avec les mécaniciens qui lui ont montré la mécanique. Il a donc appris sur le « tas ». Tout en poursuivant ses études, il travaille soir et week-end au garage.

Au fil du temps, il est devenu presque un fils pour Bertrand Girard.

Christian Germain a passé sa vie dans ce garage où le service à la clientèle est au-dessus de tout. (Photo Trium Médias – Louis Potvin)

Confiance

Comme il n’apprenait rien de plus de ce qu’il savait déjà dans un cours de DEP en mécanique, il l’abandonne pour travailler à temps plein dès l’âge de 17 ans pour Bertrand Girard.

Puis, il se laisse tenter par le travail en forêt en raison du salaire accordé. Quelques années plus tard, Bertrand Girard lui offre de devenir partenaire pour la construction d’un nouveau garage à la suite d’une expropriation afin d’aménager le boulevard Hamel sur 4 voies.

« J’aurais pu accepter un emploi à l’usine Donohue, mais je me suis dit que c’était l’occasion idéale d’être mon propre patron, même si c’était une grosse décision à 21 ans. Ma femme me trouvait un peu fou. »

Christian Germain, Robert Tremblay et Bertrand Girard ont été propriétaires ensemble pendant plus d’une décennie de l’un des plus vieux garage toujours en opération à Saint-Félicien. (Photo courtoisie)

En 1981, avec Robert Tremblay, il s’associe donc pour réaliser cet investissement important à l’époque.  Une décision qu’il a failli regretter, car à ce moment, les taux d’intérêt étaient très élevés.

« On est tombé en récession et le taux d’intérêt de l’emprunt était à 21%. Il a fallu réduire nos salaires deux fois et même remplacer des employés le soir et les weekends pour arriver. Ç’a été une période difficile, mais on a passé au travers. »

Dix ans plus tard, les deux associés deviennent les propriétaires du Centre de l’auto B. Girard avant que Robert Tremblay ne prenne sa retraite et vende ses parts.

Christian Germain se considère chanceux que ses deux fils Patrick et Christian ainsi que que François Renaud assurent la relève de l’entreprise.

La fierté de compter sur une relève

Ce qui rend Christian Germain le plus fier, c’est d’avoir bien réussi le transfert de l’entreprise à ses deux fils Martin et Patrick. Un modèle de relève.

« Le plus beau cadeau de la vie, c’est que mes enfants gagnent leur vie à Saint-Félicien au lieu d’être à l’extérieur et que je puisse voir mes petits-enfants tous les jours. C’est ce qui me rend heureux », lance-t-il.

Même s’il était moins avantageux d’un point de vue fiscal de vendre à ses fils, il tenait à ce qu’un des plus vieux garages de Saint-Félicien toujours en activité perpétue la tradition familiale.

« Si j’avais vendu à un étranger, je n’aurais pas pu venir travailler au garage. J’aurais eu de la difficulté, car ç’a été toute ma vie de côtoyer les clients et de parler avec eux.  Depuis la vente, je dépannais les gars et je donnais une bonne bourrée pendant les pneus. »

En effet, au printemps et à l’automne, l’équipe fait le changement de pneus sur environ 800 voitures.

C’est en 2015 que la transaction s’est réalisée. Déjà, Martin et Patrick travaillaient dans l’entreprise. Le mécanicien François Renaud s’est ajouté comme partenaire d’affaires, il y a 3 ans, lors de l’acquisition du Garage Georges Beaudoin.

Toujours investir

Chritian Germain n’a pas eu peur d’investir dans son commerce au cours des 30 dernières années.

D’ailleurs, pour que ses fils n’aient pas à trop à s’endetter lors de l’achat, Christian a décidé d’investir 800 000 $ deux ans avant de réaliser la transaction.

« C’était plus simple pour moi d’investir. Je voulais leur laisser un garage à la fine pointe et qu’ils ne se retrouvent pas pris à la gorge. »

C’est un peu comme de laisser l’héritage de son vivant.

Christian Germain a pu compter sur de fidèles employés dont Sylvie Ouellet, toujours aussi souriante depuis 1981. (Photo Trium Médias – Louis Potvin)

Une histoire de famille.

Le Centre de l’auto Germain et fils compte 15 employés dont certains sont de l’aventure depuis plusieurs années. Il y a entre autres Sylvie Ouellet, qui a amorcé sa carrière en 1981. Plusieurs se souviendront de Nicole Bédar,d qui a assuré la tenue de livres pendant plus de 50 ans.

« Quand je suis devenu propriétaire, j’ai dû consacrer beaucoup de temps à la gestion. Nicole et moi avons dû nous adapter et apprendre l’informatique.  Une chance que j’ai eu l’expertise de Nicole et tous les autres employés. »

Christian a su inculquer à de nombreux jeunes travailleurs sa passion du service impeccable.

« Pour plusieurs ç’a été une école de vie. Je suis tellement content de revoir d’anciens employés qui sont maintenant des avocats et des médecins. Ils ont appris l’exigence du travail bien fait en passant ici. C’est une autre fierté! »

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