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Relations avec les Autochtones : Le maire de Roberval parle de bonne entente

Janick Émond
Le 23 octobre 2020 — Modifié à 15 h 13 min le 23 octobre 2020
Par Janick Émond - Journaliste

Le maire de Roberval, Sabin Côté dit que ce serait se mettre la tête dans le sable que d’affirmer qu’il n’y a pas de racisme dans nos milieux.

« Du racisme, oui, il y en a assurément. Est-ce qu’il y a des constats importants chez nous? Pas vraiment ».

Le maire Côté considère que les relations sont bonnes dans sa ville et que la cohabitation entre Autochtones et Blancs se vit de façon plutôt harmonieuse. Il ne nie pas qu’il puisse y avoir parfois des comportements racistes, lesquels doivent être dénoncés, dit-il, mais ce sont ici, des cas plutôt isolés.

Selon Statistique Canada, en 2016, la population autochtone vivant à Roberval se chiffrait à 965 personnes, environ 10 % de la population totale.

La population autochtone du territoire est composée d’Innus en provenance de Mashteuiatsh, mais majoritairement d’Atikamekw d’Obedjiwan.

« Nous, on travaille en étroite collaboration avec le Centre d’amitié autochtone du Lac-Saint-Jean, à Roberval. Ils offrent du support et une prestation de services. Je sais qu’ils ont subi récemment des coupures dans leur financement et ça nous inquiète, parce qu’on ne voudrait pas voir une réduction de services qui plus est, s’adressent à une clientèle qui vit la précarité », dit le maire.

Des gestes

Le décès à l’hôpital de Joliette de Joyce Echaquan, cette Atikamekw de 37 ans, qui a été victime de propos racistes et dégradants par du personnel de la santé, peu avant sa mort, continue de faire réagir.

« Il faut dénoncer lorsque des situations semblables se produisent et surtout ne pas garder cela en vases clos », dit le maire Côté.

Celui-ci rappelle qu’une policière à la SQ est engagée depuis un an et se consacre à 100 % à l’approche communautaire autochtone sur le territoire.

« Nous venons d’adopter notre nouvelle politique familiale cet automne, avec une mission claire et des valeurs visant à améliorer le niveau, le milieu et la qualité de vie de tous les citoyens. En 2019, nous avons à la Ville posé des gestes en ce qui a trait à la parité et à l’égalité à tous égards », souligne le maire.

Une des actions que l’on retrouve dans le document de la nouvelle politique familiale est de considérer la présence de la culture autochtone dans les événements municipaux et les activités pour les familles.

« Sur le plan politique, Roberval et Mashteuiatsh, on a de très bonnes relations », conclut le maire de Roberval.

Racisme envers les autochtones : « On a encore beaucoup de chemin à faire »

Le racisme envers les Autochtones est bien réel, ici aussi. La directrice du Centre d’amitié autochtone du Lac-Saint-Jean à Roberval, Mélanie Boivin, est formelle, le sentiment de discrimination est très fort, particulièrement chez les Atikamekw.

« Oui, ça existe la discrimination comme le racisme. Notre clientèle, ce sont des Atikamekw qui proviennent d’Obedjiwan. Il y a encore bien des ponts à bâtir pour une meilleure compréhension mutuelle des deux peuples ».

Que ce soit pour du logement, un emploi, pour recevoir des soins en santé, à l’école ou encore pour recevoir des services gouvernementaux, les Autochtones se sentent régulièrement discriminés.

« Les Atikamekw sont très sensibles au non verbal, c’est-à-dire qu’ils le sentent tout de suite lorsqu’ils ne sont pas appréciés. Ils craignent par-dessus toute la perception, le préjugé », dit Mélanie Boivin.

Si la région connaît mieux les Innus de Mashteuiasth, il en est autrement des Atikamekw d’Obedjiwan, de plus en plus nombreux à s’établir à Roberval.

« C’est un phénomène relativement récent et qui va s’accroitre encore. Il faut donc dès maintenant travailler là-dessus. Il faut apprendre à mieux les connaître, à mieux nous connaître, à créer une véritable relation au lieu de s’ignorer », dit encore Mélanie Boivin.

Des malaises

Mélanie Boivin prend l’exemple des services en santé où les Autochtones évitent le plus possible d’y recourir.

« Il y a un grand malaise parce qu’ils ont déjà été confrontés au jugement. Un Atikamekw ira à l’hôpital que si c’est vraiment sérieux. Il faut que ça passe par la formation et la communication, si on veut changer les comportements ».

Elle croit que le cas de l’Atikamekw Joyce Echaquan, qui a dénoncé peu avant sa mort, les mauvais traitements et les propos racistes dont elle a été victime de la part de membres du personnel de l’hôpital de Joliette, va faire avancer la lutte contre le racisme. « On ne doit pas oublier et ne pas passer à côté si on veut que les choses changent ».

Le Centre d’amitié autochtone travaille avec plusieurs partenaires pour favoriser la formation de professionnels autochtones, en santé, en garderie, en centre de jeunesse, etc.

C’est même déjà enclenché.

« On sème tranquillement des graines pour faire évoluer les mentalités et créer de véritables liens entre nos deux cultures », conclut Mélanie Boivin.

 

 

 

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