Étranglée par le prix des terres, la relève agricole peine à rentabiliser ses activités et à s’imaginer un avenir dans ce milieu. À l’aube de la campagne électorale, des engagements politiques s’imposent afin de contrer cette réalité, affirme la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ).
« Ça fait 10-15 ans que l’on parle de cet enjeu. Si on veut que la relève ait accès aux terres agricoles et que cela demeure une propriété québécoise, il faut agir. Sinon, ce ne seront que de grands groupes financiers, et souvent étrangers, qui possèderont la terre », fait valoir Alexandre Bernier, agriculteur à Normandin et président régional de la FRAQ.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une terre qui se vendait autour de 1 074 $ l’acre au Saguenay-Lac-Saint-Jean en 1996 en valait 8 200 $ l’acre en 2021.
Dans ces conditions, la relève agricole se retrouve avec un prêt hypothécaire très difficile à assumer dans un contexte de démarrage d’entreprise. Toutes les productions agricoles ne sont pas non plus égales sur le plan de la rentabilité, de sorte que certains secteurs d’activités sont d’autant plus difficiles à rentabiliser.
Parmi les solutions à envisager, la FRAQ propose un programme de prêts à très long terme (jusqu’à 40 ans) et à taux bas et fixe pour l’acquisition de terres agricoles par la relève.
« Encore là, ce n’est qu’un plasteur sur le bobo. Quarante ans, c’est extrêmement long et sur cette période, tu devras sans doute réhypothéquer à quelques reprises pour réaliser des investissements pour demeurer au goût du jour. Le prix des terres ne diminuera pas, ça, on le sait, mais ce serait au moins un moyen d’aider. »
La FRAQ croit également qu’un incitatif fiscal sous forme de crédit d’impôt à un vendeur qui cède à une relève agricole pourrait donner un coup de pouce. Le programme Appui financier à la relève devrait aussi être bonifié, selon elle.
Programmes mésadaptés
Le modèle agricole actuellement en place, du moins sur le plan des programmes d’aide financière, ne semble pas être adapté à la relève agricole. Les projets de fermes de petite surface ou de production animale de plus petite envergure font office de parent pauvre face aux projets d’agriculture industrielle de volume.
« On dirait que les programmes vont à l’encontre de la réalité de la relève agricole. Ici, dans la région, on a beaucoup de petites entreprises qui ont vu le jour, mais le modèle que l’on a pour les supporter est un peu entre deux eaux. Il y a beaucoup de travail à faire de ce côté à mon avis. »
Alexandre Bernier croit que le moment est bon, avec la campagne électorale, de forcer les candidats à se commettre et à démontrer une volonté d’apporter des améliorations aux conditions dans lesquelles évolue la relève agricole.