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La hausse des prêts hypothécaires se fait sentir sur le marché immobilier du Lac-Saint-Jean

Yohann Harvey Simard
Le 25 novembre 2022 — Modifié à 14 h 48 min le 25 novembre 2022
Par Yohann Harvey Simard - Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Les hausses successives du taux directeur par la Banque du Canada ne sont pas sans avoir d’impacts sur le marché immobilier du Lac-Saint-Jean. Bien que les acheteurs soient encore nombreux, un ralentissement de la demande a commencé à se faire sentir de part et d’autre de la région.

De janvier à octobre 2022, le taux directeur est passé de 0,25% à 3,75% au Canada. Une mesure visant à ralentir la consommation pour ainsi combattre l’inflation au pays.

Cette hausse s’est immédiatement reflétée sur les taux hypothécaires des institutions financières, considérablement plus élevés qu’à pareille date l’an dernier. « On est passé de 2% à 6% en pas longtemps », précise Louise Boulanger, courtière immobilière pour Remax dans la MRC Domaine-du-Roy.

Ce faisant, « les nouveaux acheteurs n’ont pas la chance de se faire préautoriser à 1%, 2% ou 3%. Donc eux, ça les ralentit. Ils n’ont pas la même capacité d’emprunt », ajoute Louise Lajoie, courtière immobilière pour Remax dans la MRC Lac-Saint-Jean-Est.

Qui plus est, en même temps que les acheteurs voient leur capacité d’emprunt s’amoindrir, ils se butent à un marché où le prix des maisons, lui, demeure relativement élevé.

Louise Boulanger et Valérie Campion, courtière immobilière pour Remax dans la MRC Maria-Chapdelaine, s’entendent aussi pour dire que le marché immobilier a connu un ralentissement dans leur secteur respectif depuis cet été.

Selon Valérie Campion, la hausse des prêts hypothécaires a amené un changement d’attitude tant du côté des acheteurs que des vendeurs.

« Les acheteurs d’une première propriété se disent qu’ils vont attendre que les taux redescendent. Tandis que ceux qui voulaient vendre pour racheter, ils vont peut-être préférer attendre parce qu’en ce moment, ils se disent qu’ils vendraient sur un marché où les prix sont un peu moins bons et qu’ils devront racheter avec un taux plus élevé. »

Stabilité des prix malgré tout

Par ailleurs, si la hausse des taux hypothécaires se traduit habituellement par une baisse du prix des habitations, ce n’est pas tout à fait le cas au Lac-Saint-Jean.

« Avant, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, les maisons étaient vraiment, vraiment pas chères, elles étaient en dessous du prix du marché. Au cours des dernières années, ce qu’on a eu, c’est un ajustement du prix des maisons, alors il ne baissera pas parce qu’il vient à peine d’être ajusté. Ce n’est pas comme dans les grandes villes, où la surenchère avait fait exploser le prix des propriétés », explique Louise Boulanger.

Considérant l’augmentation du coût des matériaux et de la main-d’œuvre, ajoute-t-elle, le prix des maisons existantes aurait donc simplement atteint un seuil raisonnable.

Louise Lajoie et Valérie Campion constatent un phénomène similaire sur leur territoire. Pour l’instant, la baisse de prix des propriétés y demeure marginale. Plusieurs résidences continueront de se vendre plus cher que leur évaluation.

De plus, partout au Lac-Saint-Jean, la demande continue de surpasser l’offre, ce qui contribue au phénomène de rareté et donc au maintien des prix.

Les acheteurs devront se montrer plus patients

La hausse des taux hypothécaires, conjuguée à des prix qui demeurent élevés, a eu vite fait de refroidir quelques acheteurs au Lac-Saint-Jean. Néanmoins, nombreux sont ceux qui souhaitent tout de même y faire l’acquisition d’une propriété.

à« Les acheteurs, on les a, et ils sont sérieux. Ce n’est parce que leur taux est à 4% ou 5% qu’ils se désistent. Ils vont trouver la bonne maison, ils devront juste être plus patients », soutient Louise Lajoie.

Du côté de Domaine-du-Roy, Louise Boulanger observe que les acheteurs sont encore au rendez-vous, mais optent de plus en plus pour des maisons de type « beau, bon, pas cher ».

Pour sa part, Valérie Campion mentionne que « c’est encore un très bon moment pour vendre dans le secteur de Dolbeau-Mistassini. Des acheteurs de maisons, il y en a encore beaucoup. Il y a encore des gens qui partent des grandes villes pour s’en venir dans des régions plus éloignées. Et il y a aussi beaucoup de compagnies qui se cherchent des propriétés pour loger leurs employés issus de l’immigration ».

Pas ou peu de reprises de propriétés

Par ailleurs, Louise Boulanger affirme que peu de propriétaires seront contraints de vendre leur maison en raison de l’augmentation de leurs paiements, même parmi ceux dont l’hypothèque est à taux variable ou qui approchent de leur renouvellement.

« Ça ne me fait pas paniquer du tout. Le but des institutions financières, ce n’est pas de saisir les gens, ce ne serait pas à leur avantage. Ce que les gens vont faire avec les institutions financières, c’est peut-être garder le même terme, mais prolonger les années. Les institutions financières ont tout à gagner d’aider leurs clients à traverser cette période. »

Dans Lac-Saint-Jean-Est toutefois, Louise Lajoie s’attend à ce que le nombre de maisons en reprise de finance grimpe légèrement.

Elle fait valoir que « ce ne sont pas seulement les taux plus élevés qui mettent les gens dans des situations précaires, mais le fait que ça s’ajoute à l’inflation. Il y a des gens qui auraient pu encaisser une hausse de 150$ ou 250$ par mois, mais avec l’inflation en plus, ça devient plus difficile. Personne ne pouvait prévoir qu’on allait payer une pomme de salade 7$. »

 

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