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Méthode de travail dangereuse et mauvais entretien expliquent la mort

Le 21 novembre 2011 — Modifié à 00 h 00 min le 21 novembre 2011
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Une méthode de travail dangereuse et un mauvais entretien de l'équipement figurent parmi les causes de l'accident qui a coûté la vie à Pierre Girard, le 29 mai dernier, à St-Prime. Propriétaire de la Ferme Girard, il a été écrasé mortellement dans la cuve du mélangeur-distributeur de nourriture pour les vaches. Dans son rapport la Commission de la santé et sécurité au travail en vient à cette conclusion. L'accès à des pièces en mouvement des machines, c'est inacceptable! Commente l’organisme.

La CSST a rendu publiques aujourd'hui les conclusions de son enquête sur cet accident mortel à la ferme. Elle profite de l’occasion pour rappeler à tous les agriculteurs et aux employeurs leur obligation de s'assurer que l'organisation du travail et les méthodes et techniques pour l'accomplir sont sécuritaires.

Pour cela, il est essentiel de bien identifier les risques reliés aux tâches à accomplir, notamment lors de l'utilisation de machines avec pièces en mouvement. Rappelons que depuis 10 ans, au Québec, les machines tuent 14 travailleurs en moyenne chaque année.

Rappel des faits

Le jour de l'accident, Pierre Girard stationne le mélangeur-distributeur de nourriture bovine au bout du convoyeur de foin pour qu'il se déverse dans la cuve et se mélange aux autres ingrédients. Après s'être éloigné pour exécuter d'autres tâches, l'agriculteur revient près du mélangeur-distributeur et constate un surplus de foin.

Il conduit le mélangeur-distributeur de l'autre côté du convoyeur, le laisse tourner pour ménager la batterie et place le bras d'embrayage en position neutre sans toutefois l'enclencher. Il grimpe sur le dessus dans le but de pénétrer dans la cuve pour y récupérer le surplus de foin et le remettre sur le convoyeur.

Alors qu'il s'appuie sur un des batteurs, ceux-ci se mettent à tourner. Pierre Girard se retrouve coincé entre un batteur et la plaque de sécurité de la cuve. En après-midi, la victime est retrouvée inanimée. Son décès est constaté à l'hôpital.

Comme le précise Carolyne Savard, inspectrice à la CSST, trois causes expliquent le tragique accident.

Tout d’abord, quand Pierre Girard est entré dans la cuve du mélangeur, le moteur était en marche.

« Cette méthode est dangereuse, car avant d'y pénétrer, il aurait dû arrêter le moteur, cadenasser l'équipement ou, tout au moins, retirer la clé du démarreur pour éviter la mise en marche accidentelle des batteurs », soutient Carolyne Savard dans son rapport.

Ensuite, le mauvais entretien de l'équipement a contribué au démarrage imprévu des batteurs. En effet, la rouille et l'usure du système d'embrayage, des barrures, des ressorts, des chaînes et des courroies ont influencé la tension exercée sur le système d'entraînement des batteurs, rendant leur démarrage imprécis. Aussi, comme la batterie ne tenait plus sa charge, la consigne était de laisser tourner le moteur constamment.

« Enfin, le dispositif d'interverrouillage situé sous la plaque de sécurité était inopérant. Cela n'explique pas l'accident en soi, mais en explique la gravité, car ce dispositif aurait permis l'arrêt rapide des batteurs lorsque Pierre Girard a été coincé », de renchérir l’inspectrice au dossier.

En somme, les risques associés à l'utilisation du mélangeur-distributeur n'avaient pas été identifiés ni éliminés, ce qui a conduit l'agriculteur à accéder à la cuve sans suffisamment de précaution.

La CSST exige une méthode sécuritaire d'utilisation du mélangeur-distributeur.

À la suite de l'accident, la CSST a interdit l'utilisation du mélangeur-distributeur impliqué dans l'accident jusqu'à ce qu'il soit remis en bon état par une entreprise spécialisée. De plus, elle a exigé de la Ferme Girard qu'elle élabore une méthode sécuritaire d'utilisation du mélangeur-distributeur et qu'elle forme ses travailleurs à cet effet.

Carolyne Savard rappelle que pour éliminer l'accès à des pièces en mouvement des machines, ces dernières doivent être munies des protecteurs appropriés. De plus, pour procéder à un déblocage ou à un entretien, les sources d'énergie doivent être coupées et cadenassées.

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