Jeudi, 05 décembre 2024

Chroniques

Temps de lecture : 2 min 17 s

Et si on vivait sans étiquette ?

Le 21 novembre 2024 — Modifié à 07 h 00 min le 21 novembre 2024
Par Stéphanie Gagnon

Un malaise profond m’habite depuis que j’ai visionné le documentaire Alphas, diffusé à TQc la semaine dernière. Ce documentaire m’a épuisée. Délaissant chaudron et reprisage et ce que la norme traditionnelle attendrait de moi, je me suis mise à réfléchir, encore plus intensément, à ma condition de femme.

De femme cisgenre, qui se trouve à être aussi hétéro, entrepreneure, TDA, en préménopause, chasseuse, athée, pro-choix, vaccinée… Et je me suis rendue compte que rien, dans cette énumération, ne me définit vraiment. Chaque sphère de ma vie, aussi marquante soit-elle, n’est qu’une pièce du casse-tête. Pourtant, pour chacune ou presque de ces réalités, je pourrais rejoindre un groupe de défense ou de soutien. Ça ne ferait qu’ajouter des étiquettes, jamais une définition complète de ma personne.

J’haïs les cases. Comme je les haïs !

Je souhaite un monde inclusif, respectueux de l’authenticité de chaque personne parce qu’on y aura créé des espaces où chacun se sent à sa place. Pas des cases. Des espaces.

On crie à l’inclusion à tout bout de champ, est-ce qu’on aurait oublié ce que ça signifie vraiment ? Chaque groupe cherche à faire valoir ses particularités, en se brandissant ostentatoirement la différence comme un trophée, dans une quête infinie (et futile?) de validation.

Évidemment que les différences sont là, elles existent et il faut en parler. Il y a encore de l’éducation à faire et on ne pourra jamais prétendre être une société égalitaire si certaines réalités ne sont pas comprises. Trop de gens ignorent encore l’histoire des discriminations, les injustices systémiques…

Parler de ce qui nous distingue sert à briser des idées reçues et, idéalement, élever le niveau de respect qu’on a les uns envers les autres. Là où je débarque, c’est quand on s’y accroche au point que ces différences deviennent des remparts identitaires qui isolent.

Genre, religion, couleur, orientation… Ces cases-là finissent par emprisonner au lieu de libérer. Et si l’inclusion veut dire se morceler en communautés cloisonnées, j’appelle ça de l’exclusion déguisée.

L’égalité, la vraie, ne serait-ce pas justement de vivre sans devoir rappeler en permanence ce qui nous distingue ? On pourrait se départir une fois pour toute des généralisations.

Je fabule peut-être, mais je persiste à croire qu’à échéance, l’humain pourra être assez évolué pour naître avec un respect instinctif. Qu’il se foutra complètement de l’apparence, des croyances ou des préférences d’autrui, parce que ce sera enfin perçu pour ce que c’est : insignifiant.

Au lieu de chercher à se définir par une appartenance, pourquoi est-ce qu’on ne célébrerait pas notre unicité, simplement en tant qu'individus ? Avec nos nuances, nos contradictions, nos forces et nos faiblesses. Être humain, c'est bien plus profond que toutes les cases où l'on cherche à se loger.

Pour en revenir au documentaire Alphas, où le message des masculinistes présente les rôles traditionnels des hommes et des femmes sont exaltés comme des piliers d'une société plus « saine ». Cette vision rétrograde cherche à maintenir les gens dans des cases étroites, à leur imposer une identité figée par leur sexe, leur rôle et leurs attentes. Et, ultimement, chaque couple a à se définir lui-même, sans égard aux attentes constuites.

Plutôt que de revenir à un ordre rigide, on doit avancer vers une société où la liberté de chacun d'être soi-même est la seule norme valable.

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