Mardi, 10 décembre 2024

Chroniques

Temps de lecture : 1 min 37 s

Pour en finir avec les totons* à la plage

Le 18 juillet 2024 — Modifié à 08 h 14 min le 18 juillet 2024
Par Stéphanie Gagnon

L’été bat son plein, lui et ses nombreux festivals, ses mojitos rafraîchissants et ses plages bondées où se chevauchent les playlists, combinant dans un concert peu harmonieux Marjo, Luke Combs et Pitbull.

À chaque belle saison, un sujet refait invariablement surface, et on le retrouve sur les spotted de ce monde, évidemment publié de manière anonyme. C’est généralement libellé comme suit :

« Je marchais avec mes enfants sur la plage pis on est passé devant une femme qui se faisait bronzer les seins nus. J’étais gênée de voir ça, surtout devant les enfants. Franchement, rhabillez-vous ou restez chez vous ! »

Et, le commentaire corollaire indissociable : « Eille, si un gars se promène la zoune à l’air, c’est pas long que le monde va appeler la police ».

Cet argument me désole autant qu’il me fait rire. Comparer l’exposition des seins à celle des parties génitales démontre une compréhension totalement erronée, et réductrice, de la nudité et de la sexualité.

Je comprends le malaise jusqu’à un certain point : les seins féminins ont été et sont toujours largement sexualisés dans pas mal toutes les cultures du monde. Mais rien au Canada dans les textes de loi n’interdit aux femmes de se départir de leur top de bikini à la plage.

En critiquant les femmes qui le font, on perpétue des normes sexistes qui restreignent l’autonomie corporelle. Et quand les parents se servent de leurs enfants comme rempart pour camoufler leur propre embarras, prétextant « qu’un enfant devrait pas voir ça, des seins su’à plage », je veux mordre.

Tant mieux si les enfants voient des lolos partout, on va les éduquer en leur offrant une vision saine et égalitaire du corps parce que visiblement, on est une couple de générations à avoir pris du retard là-dessus.

Et moi inclus. J’ai une pointe d’envie mêlée de respect pour ces femmes qui défient la norme établie. Pour ma part, la trail n’est pas encore assez tapée pour que j’ose faire fi du jugement omniprésent et que je me libère officiellement la boule.

Peut-être que ça m’arrivera un jour. Une fois au chalet.

En attendant, je suis heureuse et fière de voir les jeunes générations rejeter la tyrannie du soutien-gorge et attaquer le monde en assumant que celui-ci est assez évolué pour valoriser l’authenticité sans imposer des normes superficielles.

*Totons ne signifie pas seins. Totons signifie épais.

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