Économie

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Industrie du bleuet

Les prix continueront de chuter

Serge Tremblay
Le 06 mars 2024 — Modifié à 06 h 45 min le 06 mars 2024
Par Serge Tremblay - Rédacteur en chef

Les producteurs de bleuets devront se résigner. Les prix qu’ils toucheront pour leur produit continueront de chuter, du moins à court terme, alors que plusieurs facteurs exercent une pression à la baisse.

C’est ce qui se dégage de l’analyse des perspectives du marché 2023-2024 présentée par le consultant Gilbert Lavoie lors de la Journée Bleuet qui avait lieu la semaine dernière, à Dolbeau-Mistassini.

« L’an dernier (à la Journée Bleuet), je vous avais dit que le très bon prix que vous avez eus en 2021 viendraient avec un contrecoup, on y est », a-t-il lancé d’entrée de jeu.

La table était mise pour une analyse qui n’avait rien de réjouissant pour les producteurs. Après deux années consécutives d’une récolte largement au-dessus de la moyenne (114 et 112 millions de livres versus une moyenne de 85 millions de livres), les inventaires des transformateurs demeurent beaucoup plus élevés qu’à l’habitude.

Et cette réalité se heurte à un autre obstacle : la hausse marquée des taux d’intérêt.

« Quand les taux d’intérêt montent, ça coûte plus cher de garder un inventaire. Le client qui avait pour habitude d’acheter vite et de stocker n’a plus le goût de faire ça. »

Mince consolation, fait cependant remarquer Gilbert Lavoie, les inventaires sont plus hauts, mais ils s’écoulent plus rapidement que par le passé. Cela peut laisser entrevoir une reprise des prix, bien qu’il faille faire preuve de prudence.

« On ne peut pas s’attendre à un miracle. Le prix ne sera pas comme l’an passé. Je ne veux pas me commettre sur une valeur, mais ce sera en baisse. »

Réduction des sacs

Dans le bleuet conventionnel surgelé en sac, Gilbert Lavoie affirme avoir observé un nouveau phénomène. Plusieurs marques ont réduit la taille de leur emballage pour offrir un sac de 400g plutôt que de 600g. Il en résulte une hausse importante pour le coût à la livre du produit.

« Le prix est en hausse alors que le volume qu’on met dans le sac est en baisse. On ajoute beaucoup de manipulations qui causent des frais et on utilise moins d’inventaires. Ça influe sur le prix. »

À cet égard, les données présentées par Gilbert Lavoie sont éloquentes. En 2019, pour un sac de 600g, le producteur touchait environ 18% de la valeur du produit, le transformateur autour de 26% et le reste de la chaîne d’approvisionnement accaparait les 56% restants.

Avec les nouveaux sacs de 400g, il ne reste plus que 8% pour le producteur, 13% pour les transformateurs et 79% vont aux autres acteurs de la chaîne d’approvisionnement.

Pour le consommateur, le prix à la livre a fait un bond de 3,40 $ à 6,79 $ dans l’intervalle.

« Je ne dis pas qu’ils vous ont volés, c’est que l’argent va ailleurs que dans vos fermes. »

Comment s’en sortir?

Pour Gilbert Lavoie, l’industrie du bleuet sauvage doit travailler sur trois enjeux clés afin d’améliorer son positionnement. D’abord, il faut une stabilité de l’offre aux clients tant au chapitre des volumes que pour le prix. Ensuite, il faut développer des créneaux de marché à forte valeur ajoutée, s’adresser à une clientèle mieux nantie avec un produit distinctif. Enfin, il faut faire connaître davantage ce produit distinctif qu’est le bleuet sauvage, qui possède des attributs particuliers.

« Il y a eu des conflits entre producteurs et transformateurs, alors qu’il n’y a là que quelques sous. Les producteurs et les transformateurs ont avantage à travailler ensemble pour grossir l’assiette du bleuet sauvage dans le marché, c’est là qu’il y a de l’argent à aller chercher. »

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