Vendredi, 06 décembre 2024

Chroniques

Temps de lecture : 2 min 8 s

Du dernier journaliste aux bas blanc Nike

Louis Potvin
Le 06 décembre 2023 — Modifié à 13 h 46 min le 06 décembre 2023
Par Louis Potvin - Rédacteur en chef

J’ai souvent affirmé que le métier de journaliste était une vocation. Et ces jours-ci, nous sommes en voie d’extinction, comme le caribou forestier.

Nous sommes de moins en moins à pratiquer ce métier si important. L’information locale est primordiale et on doit s’assurer de maintenir nos médias. La fragilité des médias est la pointe de l’iceberg qui nous guette.

Une prise de conscience collective est nécessaire. La merveilleuse invention qu’est internet se retourne contre nous. Le cyberespace est en train d’avaler notre espace réel, notre vie en société.

La facilité de réaliser des transactions bancaires force la fermeture de point de service et de guichets automatiques de Desjardins, comme récemment à Albanel et Girardville. Moins de contact avec des gens.

Et le commerce électronique risque de faire disparaitre nos commerces. Ce que les médias vivent guette aussi nos commerces de proximité.

Comme on dit : c’est avec des cennes qu’on fait des piastres. Et bien la somme de tous nos achats que nous faisons sur le web va priver nos commerçants locaux de montants qui permettent de dégager la marge de manoeuvre pour rester en vie.

Un exemple simple, symbole d’une génération : les bas blancs Nike. 
Je répète à mon plus vieux quand il reçoit un colis par la poste pour quelles raisons il n’est pas allé voir dans nos magasins. « Des bas blancs Nike, ils doivent avoir ça chez Sport Experts? » « Ouais ben heu, c’est que heu …plus facile par internet… »

Plus facile sur internet… évidemment.

C’est bien plus facile, bien évaché sur le divan, de commander en ligne. En 30 secondes le tour est joué et la charmante dame de Postes Canada, 3 jours plus tard, vient livrer sur le pas de la porte les beaux bas blancs Nike.

Ce qui se passe chez moi se passe à l’échelle du pays. 

Cet argent qu’on envoie à l’extérieur et bien, c’est exactement ce qui se passe avec le monde des médias. L’argent de la pub se retrouve ailleurs et les pertes d’emplois qui en découlent, ici.

Il fut un temps pas si lointain où l’on retrouvait cinq journalistes à couvrir le conseil de ville de Dolbeau-Mistassini. Aujourd’hui, il en reste un et il est de notre boîte.

C’est au tour de la télévision généraliste d’être en train de disparaitre au profit des plateformes qui répondent au gout de tout un chacun. N’en reste pas moins que les abonnements à Disney, Prime et consort, à part ici Tou.tv, c’est encore de l’argent qui migre
vers les USA.

Les gouvernements se creusent la tête pour aider les médias. Et si on commençait par prendre de la pub dans les journaux, à la radio et à la télévision. Et inviter les sociétés d’État à le faire. Le gouvernement de M. Trudeau, qui d’ailleurs ne communique à peu près qu’à travers les médias sociaux qui appartiennent à des Américains, pourrait inciter Postes Canada à proposer un tarif décent pour que les journaux locaux puissent distribuer par la poste avec la disparition du Publisac.

Il nous reste donc à acheter local, lire le journal, consulter les sites de nos médias… Avant qu’il ne soit trop tard…
…Car un jour, on pourra peut-être prendre un café au bureau de poste en attendant notre copie de journal et nos paires de bas blancs Nike.
 

Chaque semaine, un membre de l’équipe de Trium Médias prend parole sur un sujet de son choix, c’est La Jasette de la gazette.

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