Non seulement l’insécurité alimentaire continue de gagner du terrain dans la région en 2025, mais de plus en plus de gens sur le marché du travail demandent de l’aide pour se nourrir. C’est ce que révéleront les chiffres qui seront dévoilés dans le prochain bilan-faim qui sera publié par Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean, selon son directeur général Yannick Soumis.
Appelé à faire le point sur la situation, ce dernier ajoute que c’est ce que constatent ses organismes membres sur le terrain, un peu partout sur le territoire.
L’an dernier, ce bilan avait révélé une augmentation significative de l'insécurité alimentaire, touchant près de 15 000 personnes chaque mois et représentant une hausse de 107 % en trois ans.
« Les demandes d’aide sont en constante augmentation, déplore-t-il. Il n’y a pas de diminution. L’inflation alimentaire est toujours là. Les gens sont encore impactés et il y a encore la crise du logement malheureusement. Ça va prendre du temps avant que ce soit résorbé cette crise. »
Ces gens sur le marché du travail qui ont recours au dépannage alimentaire n’arrivent plus à joindre les deux bouts, ajoute Yannick Soumis.
« Ce sont souvent des couples dont les deux travaillent, mais ils ont difficultés financières. Ils doivent souvent couper dans l’alimentation pour payer l’hypothèque ou le loyer. Il faut aussi mettre de l’essence pour aller travailler. L’inflation est partout! »
Impact sur le terrain
Cette augmentation des demandes d’aide a aussi un impact sur le terrain, reconnaît le directeur de la banque alimentaire régionale.
« Les demandes sont tellement en croissance que malheureuse, ils doivent couper dans l’aide. Les paniers sont moins gros. La fréquence des paniers aussi. C’est malheureux. Nous, on fait un gros travail pour aller chercher un maximum de denrées et les approvisionner. Ce n’est pas parfait, mais on réussit quand même assez bien à les approvisionner de sorte qu’ils sont capables de distribuer des paniers alimentaires assez complet et varié. »
Ce que Yannick Soumis craint le plus présentement, ajoute-t-il, c’est que le taux de chômage commence à augmenter.
« Quand on a connu l’inflation en 2023 et que la demande a explosé, ça s’est fait dans un contexte économique on avait dans la région le 2e plus bas taux de chômage au Québec. Imaginez si le taux de chômage augmente à quel point la pression sera forte. »
Mobilisation
Dans ce contexte, le projet de relocalisation de l’entrepôt de Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean devrait mobiliser toute la région estime son directeur général.
« C’est un projet qui va rejaillir partout en région. On va approvisionner nos membres avec de plus grandes quantités, ce qui fait qu’on sera capable de redistribuer plus. Ça prend un leadership régional. Il faut mobiliser tous les paliers gouvernementaux, des MRC au fédéral en passant par le provincial. On va aller rencontrer les élus pour les mobiliser. C’est une responsabilité régionale et ils sont en partie responsables aussi. »
Yannick Soumis termine en soulignant qu’en plus d’être plus spacieux, le futur entrepôt de son organisme disposera d’une cuisine.
« C’est notre projet central en économie sociale. Ce qu’on veut faire avec ça, c’est de la transformation alimentaire. On va cuisiner des plats sains et nutritifs qu’on va pouvoir redistribuer pour nourrir des élèves et probablement faire une vente aussi au niveau de la population, à des prix solidaires. On veut continuer à se développer. »