Depuis le 15 septembre 2025, un nouveau programme de prévention des morsures de chiens est offert aux écoles primaires du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Déployé à travers la province par l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec, celui-ci offre aux médecins vétérinaires et aux techniciens en santé animale de la région l’opportunité d'enseigner aux jeunes de la maternelle et de la première année l'approche sécuritaire à avoir avec un chien en présence de son propriétaire et à déceler les signes de stress chez l’animal.
« On les connaît nos jeunes. Aussitôt qu’ils voient un chien, ils veulent aller le voir, ils veulent aller le flatter, mais il y a des étapes. », explique Gaston Rioux, président de l'Ordre des médecins vétérinaires du Québec. « En les formant le plus tôt possible, ça permet d’éviter les mauvaises expériences. », poursuit-il.
L'Ordre met ainsi à la disposition de ses membres une formation spécifique ainsi que du matériel pédagogique leur permettant de s'impliquer dans leur communauté.
« Nous avons informé l’ensemble de nos membres que c’était désormais possible. Ensuite, ils leur restent à prendre connaissance de la formation, à se familiariser avec le contenu, puis à aller à la rencontre des institutions d’enseignement. », précise M. Rioux.
Ce dernier s’attend d’ailleurs à ce que la participation au programme prenne rapidement de l’ampleur. « Ça fera un effet boule de neige. », espère-t-il.
D’ailleurs, certaines cliniques vétérinaires de la région démontrent déjà de l’intérêt pour le programme. C’est notamment le cas de l’Hôpital vétérinaire Carcajou, à Alma, qui trouve l’initiative intéressante.
« C’est sûr que c’est un projet dans lequel on aimerait beaucoup embarquer », souligne Audrey St-Laurent, l’une des techniciennes en santé animale de la clinique.
Manque de temps et de ressources
Même si les vétérinaires sont souvent sollicités par les écoles pour venir parler de leur profession et faire de la prévention auprès des élèves, le manque de main-d’œuvre représente un bloquant important pour la participation à ce type d’activité.
« On a une pénurie de médecins vétérinaires, donc c’est certain qu’il y en a qui sont surchargés et qui auront de la difficulté à s’impliquer », admet Gaston Rioux.
D’après lui, la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean est particulièrement touchée par cette rareté de main-d’œuvre causée notamment par l’augmentation du nombre d’animaux de compagnie, la volonté des propriétaires d’aller plus loin dans les soins offerts à leurs animaux et le nombre limité d'admissions dans les programmes d’études vétérinaires.
Pour pallier cette problématique, l’Ordre des médecins vétérinaires a mis en place plusieurs mesures, dont l’émission de permis permettant à des professionnels qualifiés, formés à l’étranger, d’exercer plus rapidement au Québec. On compte actuellement une quarantaine de vétérinaires pratiquant sous ce type de permis.
L’Ordre a également présenté un projet de règlement au gouvernement du Québec visant à déléguer davantage d’actes médicaux aux techniciennes et techniciens en santé animale, afin de mieux répartir la charge de travail.
« Nos techniciennes et nos techniciens, ce sont un peu nos infirmières à nous. Donc, si nous pouvons mieux les utiliser, ça va permettre aux médecins vétérinaires de faire plus de consultations et plus de chirurgies. », souligne le président de l’Ordre.
La pandémie, un facteur aggravant
Selon l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec, chaque année, le nombre de morsures de chiens impliquant des enfants est estimé à plusieurs dizaines de milliers.
« Il y a une morsure de chien au Canada toutes les 60 secondes, ce qui représente plus de 500 000 morsures par année. C’est quand même majeur », souligne M. Rioux.
Selon le président de l’Ordre, plusieurs de ces morsures pourraient être évitées grâce à une meilleure connaissance du comportement canin.
Ce dernier explique également que la pandémie de COVID-19 a eu un impact sur la situation.
« Durant la COVID, il y a eu beaucoup d’adoptions de chiens et d’animaux de compagnie alors que nous étions en isolement. Ces animaux nouvellement adoptés n’ont pas nécessairement eu la sociabilisation qu’ils auraient dû avoir. », explique-t-il. « Un chien qui manque de sociabilisation et qui a eu peu de contacts est un peu plus à risque de mordre qu’un autre. », conclut le médecin vétérinaire de 35 ans d’expérience.