Chroniques

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Plus ça change, plus c’est pareil.

Le 02 octobre 2025 — Modifié à 12 h 22 min le 02 octobre 2025
Par Chambre de commerce et d’industrie de Dolbeau-Mistassini

Dolbeau–Mistassini, le mercredi 1er octobre 2025
M. François Legault
Premier ministre du Québec
Édifice Honoré-Mercier, 3e étage
835, boul. René-Lévesque Est
Québec, G1A 1B4


Monsieur Legault,


En décembre 2022, la Chambre de commerce et d’industrie de Dolbeau-Mistassini a fait une sortie publique dans le but, essentiellement, que vous preniez conscience que le secteur forestier est malade et qu’il était plus que temps que la situation soit prise au sérieux. Bien que la cause de notre sortie était différente, les enjeux sont toujours les mêmes et votre réaction, toujours aussi timide. Et pourtant, le secteur n’est plus malade, il est à l’agonie.
Force est d’admettre que plus ça change, plus c’est pareil. La semaine dernière, la décision a été prise de déchirer le projet de Loi 97 et ainsi, recommencer à zéro la réforme du régime forestier. Et on essaie de nous faire croire que c’est une bonne chose. Il serait peut-être utile de se rappeler que, même en 2025, nous ne sommes toujours pas en mesure d’arrêter le temps.

Pensez-vous vraiment, en toute connaissance de la machine politique/parlementaire, qu’un nouveau projet de loi pourra être présenté d’ici les prochaines élections? À moins que nous soyons dans l’erreur, il aura fallu trois ans pour déposer une ébauche de projet de réforme après plusieurs consultations. Et on nous fait croire qu’en pleine année électorale, on passera en vitesse supérieure? Permettez-nous d’en douter.

Avec ce que l’on vit dans nos milieux forestiers, on ne peut que penser que la forêt n’est pas une priorité pour notre gouvernement, alors il serait fort surprenant que ça change cette année. Et après, advenant le cas d’un nouveau gouvernement et d’un nouveau ministre des ressources naturelles, la situation s'améliorera? Deux, même trois ans pourraient s’écouler avant une réforme du régime forestier. Nous sommes peut-être pessimistes, mais cette hypothèse est beaucoup plus plausible qu’un nouveau régime forestier d’ici un an.

Nous voilà donc devant un résultat plus que décevant. Nos entreprises forestières en arrachent, le message a été clairement lancé cet été. Mais devant l’incapacité du gouvernement à soumettre un nouveau régime forestier qui aurait dû faire consensus, il ne reste qu’une chose à faire. Vous devez agir rapidement pour aider nos entreprises forestières. Au diable les grands discours, nous le répétons, il faut agir.

À notre échelle, nous ne pouvons contrôler ce qui se passe avec nos voisins du sud. Nos entreprises ne régleront pas la crise du bois d’oeuvre, elles ne règleront pas les tarifs douaniers et ils doivent continuer à composer avec leurs défis et contraintes. Cependant, vous pouvez et devez les aider. Il en va de la vitalité des communautés forestières.

Tout d’abord, à notre avis, le secteur forestier doit être une priorité nationale et à ce titre, vous seul pouvez le décréter. Deuxièmement, vous devez agir sur trois volets (vous verrez, ce n’est pas bien original, on joue dans le même film depuis plus d’une décennie!) :

1. Optimiser l’approvisionnement et diminuer le coût d’approvisionnement de la fibre
2. Augmenter la prévisibilité de la récolte forestière
3. Favoriser l’innovation dans le secteur forestier

Le projet de Loi 97 devait notamment répondre à ces impératifs, mais ce dernier étant relégué aux oubliettes, il faudrait rapidement et minimalement des mesures afin de réduire le coût d’approvisionnement de la fibre, qui est de beaucoup plus élevé que celui de nos voisins, notamment en Ontario. Avec Maison Canada, notre premier ministre du Canada, Mark Carney, veut construire 500 000 logements par année. Semble-t-il qu’il s’agirait du plan de logement le plus ambitieux du Canada depuis la Seconde Guerre mondiale. N’est-ce pas là une occasion assez évidente à saisir? Encore une fois, silence radio.

L’innovation est également essentielle pour un secteur qui veut se renouveler, cependant, quelle industrie innove sans un secteur primaire fort? Solidifiez notre base, investissons collectivement dans la forêt et nous ne serons pas déçus. La résilience et l’engagement de nos entrepreneurs de la filière forestière ne sont plus à démontrer, nous aimerions en dire autant du vôtre.

Vous vous êtes comparé à Rocky Balboa lors du congrès de la CAQ dans les derniers jours, et bien, c’est le temps de se battre. Faites nous mentir, démontrez-nous que vous prenez nos entreprises, nos emplois et nos vies au sérieux, une bonne fois pour toutes.

Veuillez agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de nos salutations distinguées.
Cordialement,

CCIDM

 

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